11/29/2013

Scrupuleusement

Il ne faut pas abuser des mots, dit l'Ethnologue: celui de Gestapo par exemple. On l'utilise à toutes les sauces, ce n'est pas raisonnable. On le voit par exemple avec l'OTAN, le TPIY, Europol, Interpol, d'autres institutions encore de ce genre. Certains parlent de "nazisme universel", mais l'expression est contradictoire (contradiction in adjecto). Autant que possible, quand on s'exprime, il faut respecter les règles logiques. Ensuite, comme vous le savez, les Américains n'agissent jamais seuls, mais toujours en étroite concertation avec leurs alliés, ceux de l'OTAN en particulier. Mais pas seulement. L'Autriche, par exemple, qui n'est pas membre de l'OTAN, s'est engagée à livrer à la police secrète américaine l'ensemble des données confidentielles de ses propres citoyens, y compris les empreintes digitales et les analyses ADN. Une série d'accords bilatéraux ont même consacré cet état de choses*. On peut légitimement supposer que de tels accords existent également avec d'autres pays amis et alliés: Suisse, France, Allemagne, Italie, etc. Simplement on ne le se sait pas. Je trouve donc indigne de dire, à plus forte raison encore d'insinuer, que la police secrète américaine (NSA, CIA, DOJ, IRS, etc.) serait une sorte de super-Gestapo ne respectant aucun droit, pas même le droit international. Le droit international, comme vous le voyez, est au contraire scrupuleusement respecté.

Le Monde, 12 juin 2013.