8/27/2017

Maintenant

Tu parles des crimes du communisme*, dit l'Etudiante. Mais les crimes du communisme, c'est déjà ancien. Parlons de maintenant. Ils en recevaient un, l'autre jour. Eadem sed aliter. On ne veut pas vous ennuyer, minaudaient-ils: mais ne croyez-vous pas que...? Juste un peu, mais un peu quand même? Enfin, c'est ce qu'on entend dire parfois. Nous, bien sûr, on ne dit rien. Surtout pas d'amalgame. Mais on vous pose la question. L'autre fait son cirque: mais QUELLE violence? DE QUELLE violence parlez-vous? OU est la violence? Il n'y a PAS de violence. L'..., religion de paix, d'amour, etc. Là, on pourrait l'interrompre: et les mains coupées, le Frère: que faites-vous des mains coupées? Du meurtre des apostats? De la lapidation des femmes adultères? Des cous coupés**? Du sort des populations non-... dans les pays ...? Tout ça, on ne l'a quand même pas inventé, n'est-ce pas? En plus, c'est dans vos textes. Approuvez-vous ou n'approuvez-vous pas? On pourrait. Mais évidemment personne ne le fera jamais. Car si quelqu'un le faisait, à la minute même il serait  licencié, inscrit sur une liste noire, chassé de tout. Les associations se mettraient également en mouvement. Et l'on sait ce que cela signifie. Donc ils se taisent, adoptant même un air contrit: ah bon, si c'est comme ça. Excusez, on ne savait pas. C'était au lendemain même de l'attentat de ...

* Voir "On n'interrompt pas", 9 août 2017.
** Anne-Marie Delcambre, L'islam des interdits, Desclée de Brouwer, 2004, p. 65.

8/09/2017

On n'interrompt pas

C'était aujourd'hui même à l'Emission*, dit l'Auditrice. Ils parlaient de la révolution de 1917. L'invitée était une dame, elle enseigne l'histoire à l'Université de ... Sa spécialité, l'anticommunisme. Elle a même écrit un livre sur le sujet. Et donc on lui demande: comment devient-on anticommuniste?  Ca vient d'où, cette chose bizarre? Tout y passe: les grèves, la presse bourgeoise, l'épidémie de grippe espagnole de 1918, etc. Tout, sauf qu'à aucun moment la dame n'évoque seulement le communisme lui-même: le communisme comme réalité. Rien sur le goulag (une des premières réalisations du régime, quand même). Ni sur les massacres de masse des années 30 et 40. Pas un mot non plus sur les procès de Moscou (thème d'un célèbre roman de Koestler). Etc. Même si on l'imagine très ignorante, la dame a certainement dû, une fois au moins dans sa vie, entendre articuler le nom de Soljénitsyne. Mais elle l'avait, ce jour-là, étrangement oublié. Bref, le lissage intégral. A aucun moment non plus, la sous-cheffe qui l'interviewait ne s'est estimée en droit de lui rappeler l'existence des crimes du communisme, encore moins de lui demander si elle ne pensait pas qu'ils aient pu jouer un rôle dans la genèse et le développement de l'anticommunisme. On n'interrompt pas ainsi les invités (ceux-là en particulier). Joli regard, n'est-ce pas, sur l'indépendance des médias, en même temps que sur la dénivelée actuelle de l'enseignement universitaire.

* Vers 12 h 45.