3/27/2017

A-t-on le droit

Ce qu'il y a de bien dans ce pays, c'est que la langue, assez souvent, leur fourche, dit l'Auditrice. On sait par là même aussi très vite à qui l'on a affaire. Madame dirige une émission qu'elle appelle littéraire. Et donc, l'autre jour, on l'entend dire : "A-t-on le droit d'écrire quand on a les idées de la droite populiste, pour ne pas dire pire ?"(1). C'était peut-être prémédité, c'est possible. Mais je ne le pense pas. Le plus probable, c'est que c'est sorti comme ça: tout seul. Le retour du refoulé, quoi. Je me crois libérale, tolérante, je défends l'Autre avec un grand A, la société ouverte contre ses ennemis (Karl Popper), en fait, comme je le prouve, je suis prête à restaurer l'Inquisition ("pour ne pas dire pire"). Je déteste les ...,  les ..., mais allez savoir pourquoi, je fonctionne exactement comme eux. En fait non, pas "exactement" : beaucoup mieux encore, puisque je ne le sais pas. C'est toujours un plus, ça: ne pas le savoir. Ne pas savoir qui l'on est. La bonne conscience des gens de bien. Sauf, justement, comme maintenant, quand la langue me fourche. Car là, effectivement, je sais qui je suis. La réalité m'explose même à la figure. On pourrait aussi, à l'inverse, parler de projection. Je projette sur l'autre toutes sortes de choses horribles ("nauséabondes"), plus jamais ça, etc.: or, quand je me regarde un peu dans la glace, je me rends compte qu'elles résident surtout en moi : dans ma petite bulle boboïsée, n'est-ce pas. Mais j'ai désappris depuis longtemps à me regarder dans la glace.

(1) 15 mars 2017.

3/25/2017

Deux précautions

On dit en plus que ces élections ont été truquées, dit l'Ecolière. Bien sûr, je n'en crois rien. Est-ce seulement pensable. A cet endroit-là, surtout. Nos torrents, l'air pur des montagnes, etc. C'est l'arme ultime, dit l'Avocate: ultima ratio. Quand tout échoue, les affaires, le matraquage, les fake news, etc., on a encore cette possibilité-là: faire voter les morts, bourrer les urnes, etc. En l'occurrence, ce n'était pas exactement nécessaire. Mais tu connais les .... Dans leur genre, ils sont assez maniaques. Perfectionnistes. En tout état de cause, deux précautions valent mieux qu'une. Comme en Autriche, l'an dernier, dit l'Ecolière? Par exemple, dit l'Avocate. Mais on pourrait aussi citer les primaires démocrates aux Etats-Unis. Et en ..., dit l'Ecolière? Ils truquent aussi les élections? Ca, on le verra dans quelques semaine, dit l'Avocate. Chaque chose en son temps. Pour l'instant, ils truquent les sondages, ça les occupe déjà beaucoup. Vous ne croyez pas aux sondages, dit la Poire? A quoi, alors, croyez-vous? C'est une bonne question, dit l'Avocate. A rien.

3/20/2017

D'abord nos félicitations

Autre contre-exemple, dit l'Auditrice: le triomphe, ici même, en ..., de la Belette, notre micro-Macron local. C'était hier dimanche, dernier jour de l'hiver. Il fallait lire, ce matin même, les articles du Journal, écouter l'Emission. Vive nous. La Belette remplace à son poste l'Intrus, dont les médias officiels, en toute indépendance, bien sûr, ont souvent eu à s'occuper ces derniers temps. A juste titre, d'ailleurs. Il y a quatre ans, trompant leur vigilance, cet ennemi du genre humain avait réussi à conquérir un siège au gouvernement. C'était la fin du parti unique. Bon, dirent les dirigeants, ça va pour une fois. On passe l'éponge. Mais à l'avenir, vous ferez un peu attention. Compris? Dans la foulée, certaines rédactions furent épurées. Je n'ai pas compté le nombre d'obus qu'ils tirèrent en plusieurs mois de campagne, mais cela en fait quand même un certain nombre. Qu'est-ce que tu veux faire, là-contre? Invitée d'honneur de l'Emission, la Belette, après avoir reçu les félicitations des journalistes ("d'abord nos félicitations") (1), a énuméré ses prochaines priorités en tant que Belette: les Jeux Olympiques pour ...,  l'anglo-américain en option dès la maternelle, enfin, cerise sur le gâteau, une baisse de l'impôt sur les bénéfices des entreprises, afin d'améliorer leur "compétitivité". La mondialisation heureuse, quoi. Merci patron.

(1) Vers 7 h 30.




3/12/2017

Enseignement

On entend souvent dire que les médias dominants auraient fait leur temps, dit l'Auditrice. Voyez le Brexit, l'élection de Trump aux Etats-Unis (qu'ils essayèrent d'empêcher), certains scrutins populaires en Suisse, etc. Personne ne croit plus à ce qu'ils racontent. Leur propagande tourne de plus en plus à vide. Etc. Mais les contre-exemples ne manquent pas. Soit ce type. Tout le monde pensait que ce serait lui le prochain président. Lui-même, au demeurant, le croit encore (peut-être). Sauf que, dans la vie, on est amené à faire des choix. On ne peut pas vouloir tout et son contraire. Apparemment, il ne le savait pas. Par ses déclarations, au reste mesurées, sur la Russie*, l'..., etc., il s'est, sans doute sans le vouloir, mis à dos les dirigeants. On peut toujours le faire. Ce n'est pas en soi un problème. Mais il ne faut pas alors vouloir devenir président. C'est ou l'un ou l'autre. Les médias, en lien, il est vrai, avec la justice, ancilla principis, ont donc été amenés à s'occuper de lui. Le résultat est là. Moi dont c'est le métier (en même temps que le très grand plaisir, comme vous le savez) d'écouter la radio, je puis en témoigner: ce fut, plusieurs semaines durant, en continu, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et cela continue. On ne résiste pas à ça. Les médias officiels restent donc une force avec laquelle on est obligé encore de compter. On les croyait morts, ils sont toujours bien vivants. Le grand enseignement de cette campagne, en fait, il est là.

* Le Monde, 21 septembre 2013, p. 9.












3/01/2017

Audiatur

Vous vous souvenez peut-être de ce ministre du budget, il y a quelques années, qui perdit son poste à la suite de révélations sur ses avoirs présumés à l'étranger, dit l'Ecolière. Je n'ai pour ma part, et pour cause, jamais encore fraudé le fisc. Mais quand je vois les gens d'en face, ceux, en particulier, qui lui font la leçon, je suis fortement portée à faire mienne la formule de Cicéron: audiatur et altera pars. Soit, dirait cet édile (bien sûr, j'invente), j'ai volé l'Etat. Je lui ai même soutiré pas mal d'argent. Et alors? Sur quoi se fonde-t-on pour dire que voler l'Etat serait immoral? Juste, je pose la question. C'est une question philosophique. On vous serine: l'argent public profite au bien commun. En tant qu'ancien ministre du budget, je ne peux que vous dire: c'est faux. Non seulement l'argent public ne profite en rien au bien commun, mais il sert à financer toutes sortes de choses qui, objectivement parlant, lui sont directement contraires. Vous ne me croyez pas? Comme vous voulez. Oui, je sais, j'aggrave encore mon cas. Non seulement je vole l'Etat, mais je le calomnie effroyablement. L'Etat voyeur, ficheur, lui-même aussi, bien sûr, voleur, manipulateur, ennemi de son propre peuple, j'espère n'avoir rien oublié. Ah si, bobo, collabo, etc. N'interprétez pas mal mes propos. Je ne vous dis pas de faire comme moi. Vous voyez les risques. Mais je repose ma question: en quoi voler l'Etat, serait-ce immoral? Ne pas le voler moral?