10/19/2013

Alternative

Pour à peu près tout le monde, la médecine est ce qui conditionne la santé, dit l'Ethnologue. Mais il existe une alternative à la médecine: la sagesse. C'est ce qu'explique Michel d'Anielo dans son ouvrage: La santé par la sagesse*. Soit tu écoutes les conseils du sage, soit tu fais la queue chez ton généraliste. Les conseils du sage se résument en deux ou trois formules simples: faire attention à ce qu'on mange, éviter tout excès, au minimum 10'000 pas par jour, etc. Le livre ne va pas jusqu'à dire que mieux vaut écouter les conseils du sage que faire la queue chez son généraliste. Mais c'est ce qui se lit entre les lignes. La médecine est un pis-aller. On ne consulte son médecin que quand on n'a pas été assez sage pour suivre les conseils du sage. Le médecin te reçoit alors pendant vingt minutes, après quoi il te prescrit des médicaments. On sait ce qu'il en est des médicaments. Certains sont clairement dangereux pour la santé, d'autres tout simplement inutiles**. Mais les gens n'en obéissent pas moins à leur médecin. C'est comme ceux qui font confiance à la police pour assurer  la protection des personnes et des biens, ou encore à l'école pour instruire et éduquer leurs enfants. Ils sont habitués depuis leur plus jeune âge à prendre des médicaments, ne sont donc guère motivés à ne plus en prendre. Et que dire des maladies noso-comiales, celles qui s'attrapent à l'hôpital. Bref, la médecine ne fait pas que guérir les maladies, parfois aussi elle en crée. Mais ce n'est pas le sujet du livre. Le sujet, encore une fois, c'est l'existence d'une alternative: Sapere aude (ose être sage), prends-toi toi-même en charge! Le livre anticipe aussi, sans exactement le dire, sur certaines crises d'ores et déjà programmées. Car les actuels systèmes de soins ne sont évidemment pas éternels. Personne ne sait non plus s'il y aura demain encore des médecins. Il est donc bon, en attendant, de s'exercer un peu à l'autonomie.

* Michel d'Anielo, La santé par la sagesse, Xenia, 2013.
** "26 % à risque, dont 5 % à risque majeur, 40% non ou peu efficaces" (Philippe Even et Bernard Debré, Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, le cherche-midi, 2012, p. 179).



10/13/2013

Burqa

Vers 1950 déjà, C. G. Jung remarquait que la femme occidentale tendait à se masculiniser, alors même que, de son côté, l'homme occidental tendait à se féminiser, dit l'Avocate*. A l'époque, les théories du genre n'avaient pas encore cours, et surtout on ne les avait pas encore rendues obligatoires dans les écoles (y compris, désormais, en maternelle**). On est donc en présence d'une tendance de fond, tendance se projetant sur le temps moyennement long. C'est elle, cette tendance, qui explique les théories du genre, et non l'inverse. A partir de là se pose le problème des compensations. Car, à toute tendance, correspond nécessairement une contre-tendance. On pourrait aussi parler de retour du refoulé. Ainsi, on le sait, la féminisation actuelle de l'homme occidental trouve-t-elle sa contre-partie dans l'hyper-machisme bien typé de certaines populations masculines, hyper-machisme qu'on ne saurait interpréter que comme l'expression erratique d'une masculinité manquée (manquée, justement, car censurée, condamnée, donc, à une existence, partiellement au moins, souterraine: mais il lui arrive occasionnellement de refaire surface, et cela sous la forme qu'on vient de dire: c'est logique). Du côté féminin, une évolution symétrique est également observable. On pourrait ainsi se demander si l'engouement actuel, de prime abord paradoxal, de certaines féministes affichées pour la burqa ne trouverait pas son explication dans le retour, là encore, du refoulé, au sens où ce qu'on se refuse aujourd'hui à prendre à compte, à savoir la féminité de la femme, tend mécaniquement à réapparaître sous une forme qu'on pourrait qualifier de monstrueuse (la burqa), forme qui est l'exact pendant chez la femme masculinisée de l'hyper-machisme chez l'homme féminisé: l'hyper-soumission de la femme voilée.

* C. G. Jung, "Ma vie": Souvenirs, rêves et pensées, Gallimard, folio, 2012, pp. 417-418.
** " ' Il est trop petit pour avoir une cuisine et c'est pas une fille ' ", Le Monde, 2 octobre 2013.

10/10/2013

Affects

Imagine un peu le genre d'affects, d'émotions si tu préfères, que ces gens, par leur arrogance, les choses qu'ils s'autorisent (s'en autorisant, d'ailleurs, en permanence de nouvelles: pourquoi se gêneraient-ils?), d'une manière générale leurs attitudes et comportements, la haine non dissimulée qu'ils nourrissent à l'endroit du pays d'accueil, la terreur qu'ils font régner partout où ils se retrouvent en nombre, les privilèges qu'on leur concède, last but not least, l'aliénation civilisationnelle dont s'accompagne leur établissement (qui, contrairement à ce qu'on répète souvent, n'est en aucune manière pacifique: il est au contraire d'une extrême violence), sont en train d'amonceler sur leur tête, dit le Double. Imagine. Rassure-toi, dit l'Ethnologue. Ils ne risquent rien. Tous leurs cheveux sont comptés. Les dirigeants sont très sensibles au problème.







10/05/2013

Promenez-vous

Nous parlions récemment des gardiens de camp, dit l'Ethnologue: les prochains, veux-je dire. Ceux prévus pour demain. On s'interrogeait sur leur formation*. Cela étant, en y réfléchissant, je me demande si la question est bien posée. Revenons-en aux analyses arendtiennes. Pour Arendt, on le sait, le gardien de camp illustre un certain type psychologique, celui de l'obéissance inconditionnelle aux ordres: les ordres sont les ordres, fais ce que dois advienne que pourra, etc. Certaines comparaisons sont évidemment possibles, parfois même elles s'imposent. Mais elles ont aussi leurs limites. En particulier, personne ne dit plus aujourd'hui: fais ce que dois, advienne que pourra. Les gens font ce qui leur plaît, un point c'est tout. En l'espèce, la motivation première est la haine. C'est elle, l'élément de base. Le passage à l'acte est donc beaucoup plus rapide. Pour préciser encore ma pensée, je dirais que le camp de concentration est une institution du XXe, non du XXIe siècle. Il en existe encore quelques-uns dans le monde, mais c'est une survivance. Dans concentration il y a centre. Le centre, aujourd'hui, est partout et la circonférence nulle part. Promenez-vous à certains endroits. De surcroît, cela se passe à très petite échelle. Ce n'est ni pire, ni moins pire, simplement le monde a changé. Les problèmes sont autres.

* "Les mieux classés", 5 décembre 2011.




 







10/04/2013

Pourrissait (2)

Lisons maintenant la suite, dit le Double. Après avoir dit que le parti en question "pourrissait" la vie politique du pays, l'éditorialiste écrit: "Face à une classe politique minée par la corruption, il a cristallisé le vote anti-système d'une partie de la société grecque". Là, ils se prennent un peu les pieds dans le tapis. A ton avis, qui sont les pourrisseurs? Les vrais? Attention dit la Poire: il ne faut pas tout confondre. Ce n'est pas parce que les élites politiques, en Grèce comme ailleurs, sont minées par la corruption qu'il faut pour autant leur reprocher de pourrir la vie politique. Cela n'a rien à voir. La Poire a raison, dit l'Etudiante. Ce n'est évidemment pas elle, cette classe politique archi-corrompue, qui pourrit la vie politique, ce sont les autres, ceux qui dénoncent un tel état de choses.

10/03/2013

Pourrissait

Tiens, lis ça, dit le Double: c'est l'éditorial du Monde*. "Il a suffi de quelques heures au gouvernement grec pour décapiter le parti néo-nazi Aube dorée, qui depuis deux ans, pourrissait la vie politique du pays. C'est une bonne nouvelle venant d'Athènes." Ce qui est intéressant, c'est le début: "Il a suffi de quelques heures". Le Monde trouve naturellement cela très bien. S'il avait suffi de quelques minutes, ç'eût été mieux encore. Petit problème quand même: normalement, si tu veux coffrer un député  (en l'occurrence ils étaient six: le tiers du groupe parlementaire...), il te faut au préalable obtenir la levée de son immunité. Tu ne peux pas l'arrêter comme ça. C'est toute une procédure. Apparemment le gouvernement grec ne s'en est guère préoccupé. Quand tu as besoin d'argent, à plus forte raison encore de beaucoup d'argent, tu ne te demandes pas si tu respectes ou non la constitution, dit l'Ethnologue. Tu fais ce qu'on te dit de faire.  En Grèce, comme tu le sais, les caisses sont vides.

* 3 octobre 2013.