8/17/2012

Etat d'âme

Prenez l'Anguille, dit l'Ethnologue. Elle vient, comme vous le savez, de livrer aux ... les données personnelles d'un certain nombre de salariés du secteur bancaire, des gens, ses propres compatriotes, que les ... vont tout faire maintenant pour arrêter, afin de les envoyer dans un de leurs goulags. Comme acte de trahison on fait difficilement mieux. En plus elle viole le code du travail, la loi sur la protection des données, etc. Elle n'avait peut-être pas le choix, dit l'Etudiante. A quelles pressions elle était soumise, tu ne le sais pas. Arrête, je vais pleurer, dit l'Ethnologue. Tu penses qu'elle aurait pu dire non, dit l'Etudiante? Je vais te dire, dit l'Ethnologue: elle ne s'est même pas posé la question. Il y a 70 ou 80 ans, elle se la serait peut-être posée. C'était l'époque des collabos: quelles concessions faire ou ne pas faire, jusqu'où aller ou ne pas aller, etc. C'est très bien décrit dans les livres d'histoire. Le collabo est une conscience malheureuse: il préférerait ne pas faire ce qu'il fait, mais le fait quand même, car s'il ne le faisait pas, voilà ce qui se passerait, sauf qu'il n'en est pas complètement sûr, etc. Pour l'Anguille, les choses sont beaucoup plus simples. Même si elle avait la possibilité de dire non aux ..., elle leur dirait oui, car il n'entre même pas dans ses conceptions qu'on puisse leur dire non. Aux ... on dit toujours oui. Cela fait partie de son cahier des charges. Elle n'a aucun état d'âme.




8/16/2012

De fâcheux

Tirer sur la police alors même qu'elle te protège, veille en permanence à ce que rien de fâcheux ne t'arrive, bref, te chouchoute, quelle idée, dit l'Avocate. C'est là où l'on voit qu'ils sont très bêtes. Tu dirais que la police les protège, dit le Collégien? Si la police ne les protégeait pas, pour être plus précis encore n'avait pas pour fonction première (et peut-être même exclusive) de les protéger, imagines-tu un seul instant que les choses se passeraient comme elles se passent, dit l'Avocate? Sans que les autres ne réagissent (ou si peu)? En s'excusant presque d'avoir à subir ce qu'ils subissent (c'est ma faute, ma très grande faute)? Heureusement qu'elle est là, la police. Heureusement pour eux. Non seulement la police ferme les yeux sur leurs agissements même extrêmes, mais veille à ce que personne ne se mette en travers: les victimes potentielles par exemple. Merci la police. Qu'est-ce qui pourrait leur arriver de fâcheux, dit le Collégien? A ton avis, dit l'Avocate?

8/14/2012

Paradigme

On commémore en 2012 le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'..., dit l'Ethnologue. C'est intéressant comme épisode. D'une certaine manière, il a valeur paradigmatique. Les gouvernants français de l'époque ne se sont pas en effet contentés de larguer l'..., ils l'ont larguée avec l'ensemble de ses habitants, au nombre desquels un bon million d'Européens. Conséquence, près de 2000 Européens furent massacrés durant les mois qui précédèrent et suivirent l'accession de l'... à l'indépendance. Plusieurs dizaines de milliers de harkis également. Nombre d'entre eux, en outre, furent atrocement torturés. Les officiers et soldats français encore présents sur place laissèrent faire, car ils avaient reçu pour consigne de ne pas intervenir (sous peine de sanctions lourdes). La police française collabora activement par ailleurs avec le FLN (l'organisation indépendantiste) pour liquider les éléments anti-FLN au sein de la population européenne. En quoi cet épisode est-il paradigmatique, dit le Collégien? Tout le monde sait le soin que mettent les gouvernants européens actuels à protéger leurs propres populations, dit l'Ethnologue.




8/11/2012

Révolue

Il faut approfondir le problème, dit l'Auteur. Les églises ont autrefois été le cocon du christianisme, son enveloppe protectrice. Elles lui ont ainsi permis de croître et de se développer. Cette époque est aujourd'hui révolue. La chenille christianisme est entre-temps devenue papillon. Le christianisme vit désormais de sa vie propre, indépendante de celle des églises. Il ne faudrait pas en conclure que les églises vont forcément mourir: dans l'immédiat au moins, je pense, non. Mais ce découplage les oblige aujourd'hui à se trouver de nouvelles raisons d'être. L'église catholique, par exemple, s'est recyclée dans la défense de la famille, la "morale naturelle", etc. C'est complètement extérieur au christianisme, mais comme, justement, les églises n'ont elles-mêmes plus grand chose à voir avec le christianisme (l'épisode auquel tu te réfères le montre assez), c'est sans importance. Les protestants, je ne sais pas trop. Ou je me trompe fort, ou ils disparaîtront plus vite encore que l'église catholique. Et le christianisme lui-même, qu'est-il devenu, demanda le Collégien? Schématiquement, dit l'Auteur, l'avenir du christianisme se joue aujourd'hui principalement sur l'aptitude de la société civile à défendre et à faire respecter les principes sur lesquels, en théorie tout au moins, elle repose (autonomie individuelle, droits de la personne, laïcité, etc.). Car, pour l'essentiel, ils coïncident avec les valeurs chrétiennes.