12/23/2009

Soumission

Dope-City c'est Dope-City, dit l'Etudiante. Mais si tu passes la ..., une autre ville, en fait, lui ressemble beaucoup: Coke-City. A Coke-City, les autorités viennent de décréter que les chants de Noël seront désormais bannis de l'espace public. Raison invoquée, ils indisposeraient nos hôtes bien-aimés, les ... Pour l'instant encore, les chants de Noël chrétiens restent autorisés, mais dans l'espace privé seulement. Ailleurs (dans la rue, les écoles, d'une manière générale l'espace public), ils sont désormais interdits. La police a reçu des consignes strictes dans ce domaine: toute infraction constatée sera sévèrement sanctionnée. Cela me paraît logique, dit l'Ethnologue. Le mot  ..., comme tu le sais, signifie soumission. Il en résulte que lorsque, comme c'est le cas aujourd'hui, les dirigeants ont le choix entre le christianisme et l'..., ils se tournent  tout naturellement vers l'... J'irais même plus loin encore: ils ne seront réellement tranquilles que lorsque l'... sera ici religion d'Etat. Qu'ils se rassurent, dit l'Avocate: les choses commencent à prendre forme.

11/30/2009

42 %

Voilà, les résultats sont tombés, dit l'Auditrice. 58 % des votants ont approuvé l'initiative sur les minarets, 42 % l'ont rejetée*. 58 %, c'est beaucoup. Il faut prendre le problème par l'autre bout, dit l'Avocate: Si 58 % ont dit oui, 42 %, en revanche, ont dit non. C'est beaucoup, 42 %. Tu trouves, dit l'Auditrice? Je te rappelle ce qu'il y a dans la ..., dit l'Avocate. Elle prévoit la peine de mort pour les apostats, les homosexuels, les femmes adultères, on pourrait allonger encore la liste. Le témoignage d'une femme ne vaut que la moitié de celui d'un homme. Une femme hérite moitié moins qu'un homme. Toutes sortes d'autres choses encore de ce genre. Chacun sait par ailleurs comment les minorités religieuses, chrétiennes entre autres, sont traitées dans ces pays. Que savent-ils de l'..., dit l'Auditrice? Sensiblement plus que tu ne crois, dit l'Avocate. Et donc, d'après toi, ils aiment ça, dit l'Auditrice? On s'est mal compris, dit l'Avocate: ils n'aiment pas ça, ils adorent, en redemandent encore. Je t'étonne? Ces phénomènes sont pourtant classiques. Relis par exemple Erich Fromm: The Fear of Freedom. Ou encore Dostoïevski: la légende du Grand Inquisiteur. Ces textes n'ont pas été écrits pour rien. Reste que 58 % des gens ont dit oui, dit l'Auditrice. C'est quand même encore la majorité. Tu m'amuses, dit l'Avocate.

* Les électeurs suisses avaient à se prononcer sur une initiative populaire demandant l'interdiction des minarets.

11/21/2009

Tout un apprentissage

On croit volontiers que les jeunes se débrouillent mieux que nous dans ce domaine, dit l'Avocate. Or les jeunes sont exactement comme nous, ils pataugent. Le problème, avec ces appareils, c'est que tu ne peux que difficilement t'en passer, dit le Double. Tu le peux, bien sûr, mais tu t'exposes alors au risque de marginalisation. Prends l'exemple du téléphone portable: sans téléphone portable, tu es très handicapé. Personnellement je m'en passe très bien, dit l'Avocate. Je suis même particulièrement contente de ne pas en avoir. Mais considérons le problème dans son ensemble. En théorie, ces appareils ont été inventés pour te faciliter la vie. Chacun sait bien par expérience qu'il n'en est rien. C'est même plutôt l'inverse. Le simple fait, aujourd'hui, de prendre un billet de train exige au préalable tout un apprentissage (ils te proposent d'ailleurs des cours). En plus, l'apprentissage est permanent, car à peine as-tu compris le fonctionnement du distributeur de billets qu'ils le changent aussitôt pour le remplacer par un autre plus compliqué encore. Idem pour l'ordinateur, le téléphone cellulaire, leurs systèmes multi-médias, etc. Le handicap est aussi là, tu n'y échappes pas. Les gens s'y font, dit le Double. Justement non, dit l'Avocate. Ils ne s'y font pas. Regarde un peu ce qui se passe dans le monde du travail: tous ces suicides, le burn-out, etc. Les gens doivent en permanence se recycler, suivre des stages, apprendre le fonctionnement d'un nouveau programme, etc. A un moment donné, ils n'arrivent plus à suivre. Ils craquent.

11/19/2009

Les deux mamelles

Bref, pourrait-on dire, le terrorisme et la pédophilie sont les deux mamelles de l'Après-démocratie, dit l'Etudiante. Tu oublies le négationnisme, dit l'Ethnologue. L'astuce, dit l'Avocate, est de mettre en relief un certain nombre de phénomènes marginaux, mais à forte charge émotionnelle (ceux que vous venez de citer, par exemple, mais on pourrait en citer d'autres), afin d'occulter tout le reste (l'exploitation économique, par exemple, ou encore la corruption généralisée). Il y faut un certain savoir-faire, mais sans plus. Ensuite ils se lâchent: perquisitions au petit matin, renversement de la charge de la preuve, lynchage médiatique, procès truqués, usage rétroactif des lois, imprescriptibilité des délits, internement administratif à vie, tout y passe. Certains actes de pédophilie, comme tu le sais, sont aujourd'hui punis plus sévèrement encore que des meurtres. Ne crois-tu pas qu'à la longue, les gens se lassent, dit l'Etudiante? Qu'à cela ne tienne, dit l'Avocate. Ils trouveront autre chose.

10/11/2009

Patriot Act

Il faut en revenir au Patriot Act, dit le Colonel. Le Patriot Act a théoriquement pour but de combattre le terrorisme. En réalité, comme vous le savez, c'est un instrument de contrôle social: ça et rien d'autre. La plupart des Etats européens ont aujourd'hui leur Patriot Act (en France, par exemple, les diverses lois sur la sécurité intérieure). Ces textes ont tous en commun d'organiser la traçabilité des individus: leur traçabilité, et bien sûr aussi, si nécessaire, leur traque. Tu es partout traçable, partant également traquable. Bien sûr aussi extradable. Il n'y a plus aujourd'hui de territoire-refuge, d'endroit particulier où tu peux te cacher. Cela étant, les Américains se fichent pas mal de l'individu Polanski, de quoi il pourrait être coupable ou non coupable. Mais il leur disait: vous aurez beau faire, jamais vous ne m'aurez. Là, il a fait une erreur. Les Américains peuvent éventuellement admettre que tu leur échappes, non en revanche que tu t'en vantes. Et Ben Laden alors, demanda le Collégien? Ben Laden, c'est différent, dit le Colonel. Ils en ont besoin pour justifier le Patriot Act. Lui, par conséquent, n'est pas extradable.

10/10/2009

Non-rétroactivité

Le Monde a consacré l'autre jour une double page à l'affaire Polanski, dit le Cuisinier (Le Monde, 7/10/09). Il cite en particulier les déclarations du procureur californien, celui en charge de cette affaire. Elles montrent bien ce qu'il faut entendre aux Etats-Unis par Etat de droit. Ledit procureur ne fait pas mystère de sa volonté d'appliquer à Polanski les lois actuelles en matière de délit sexuel, lois beaucoup plus sévères que celles d'il y a trente-deux ans, lorsque Polanski s'est rendu coupable de l'acte qu'on lui reproche aujourd'hui. En d'autres termes, les lois actuelles vont lui être appliquées avec effet rétroactif. C'est une claire violation d'un des principes de base de l'Etat de droit, celui de la non-rétroactivité des lois. La Schtroumpfe n'a naturellement pas le choix, elle va devoir extrader Polanski. Mais il va lui falloir également habiller juridiquement cette extradition, l'habiller aux yeux de l'opinion éclairée: histoire de ne pas perdre complètement la face. Justifier, en fait, cette violation des principes généraux du droit (une parmi d'autres: car il y en a d'autres). Trouver des arguments. On en trouve toujours, dit l'Avocate, là n'est pas le problème. Il est où le problème, demanda le Collégien? Le problème, c'est que leur système est en train de partir en petits morceaux, dit l'Avocate. Plus personne n'y croit.

9/27/2009

Un ordre est un ordre

Quelle ... quand même, dit l'Etudiante. Avec ses airs de sainte-n'y-touche. Tu as vu ce qu'elle vient de faire?* La Suisse est un satellite des Etats-Unis, dit le Colonel: un des plus serviles d'ailleurs. Quand on est dans la situation où se trouve Polanski, on évite autant que possible d'y mettre les pieds. Personne ne le lui avait dit, c'est un tort. Sans compter que l'immense majorité des habitants de ce pays est derrière la Schtroumpfe, dit le Double. Ils l'applaudissent des deux mains. Bravo la Schtroumpfe. Ils sont très contents que ce cinéaste dont, jusqu'ici, ils ignoraient même l'existence se retrouve aujourd'hui derrière les barreaux. Très. La Belette est intervenue hier à l'Emission, dit l'Auditrice. Elle exige l'extradition immédiate de Polanski. Tout de suite et sans attendre. Les Américains n'aiment pas tellement attendre, dit le Colonel. Un ordre est un ordre. Si je vous donne un ordre, vous l'exécutez tout de suite. Pas demain ou après-demain. Tout de suite.

* Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski était de passage en Suisse pour y recevoir une distinction. Le gouvernement suisse en profita pour le coffrer, car il était recherché par la justice américaine.







5/10/2009

On ne le voit plus

Que devient donc l'Ethnologue, dit l'Auditrice? On ne le voit plus. Il déménage, dit l'Avocate. Oui, tout à fait: bye-bye, Dope-City. Il en a marre. On lui enverra une carte postale, dit le Cuisinier: Dope-City, sa scène ouverte de la drogue, ses flics-citoyens, ses quelque 150 boîtes de nuit (l'orgueil de la ville), ses rixes au petit matin, etc. Lorsque mes élèves se rendent au centre-ville, dit l'Enseignant, ils le font désormais toujours en groupe. Ils peuvent ainsi mieux se défendre. Qu'inventes-tu donc, dit l'Avocate. L'insécurité n'est qu'un mythe, elle n'existe que dans ta tête. Je suis surpris par ailleurs de t'entendre parler d'autodéfense, dit le Cuisinier. La police, comme tu le sais, ne plaisante pas avec ces choses. Un de mes élèves était assis l'autre jour sur un banc, dit l'Enseignant. Ils lui ont tout pris: veste, portable, montre, je dis bien tout. En prime il a eu la mâchoire fracturée. Et les ..., dit l'Etudiante. On allait les oublier, ceux-là. Que faites-vous des ... ? C'est compris dans le prix, dit l'Avocate.

3/08/2009

La force

Tiens, ils s'acoquinent maintenant avec l'..., dit l'Etudiante. Quels acrobates. Où est l'incohérence, dit l'Ethnologue? L'ennemi prioritaire, à leurs yeux, ce n'est pas l'... : c'est l'Etat laïc et républicain. C'est ça avant tout qu'ils détestent. Mais vraiment détestent. Le reste, au fond, ils s'en accommodent. J'irais même plus loin encore: non seulement ils s'en accomodent, mais ils trouvent ça très bien. Qu'en attendent-ils donc, demanda l'Etudiante? Justement, qu'il les débarrasse de l'Etat laïc et républicain, dit l'Ethnologue. Eux-mêmes, ensuite, bien sûr, disparaîtront. Mais ça leur est égal. Ils ont toujours eu un faible pour les mouvements holistes, dit le Sceptique. Ils sympathisent aujourd'hui avec l'..., exactement comme, autrefois, ils sympathisaient avec le... C'est quoi un mouvement holiste, demanda le Collégien? Un mouvement qui donne la priorité au tout sur les parties, dit l'Ethnologue. Pour eux, l'individu n'existe pas. Il n'y a que le tout qui existe. Bref, si je comprends bien, ce sont des collabos, dit le Collégien. Mais non, dit l'Ethnologue. Qu'est-ce que tu vas chercher. Simplement ils respectent la force. Beaucoup de gens sont comme ça.