6/28/2010

D'ici cent ans

Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, de toute façon il est trop tard, dit le Cuisinier. Selon un scientifique australien, l'espèce humaine devrait s'éteindre d'ici une centaine d'années. Si seulement, dit le Double. Toute l'espèce, je ne pense pas, dit le Colonel. Il y aura des survivants. Comment s'effectuera le tri, demanda le Collégien? Vaste débat, dit le Colonel. Disons d'abord que si tu possèdes un potager, tu as plus de chance de t'en tirer que sans. Va voir Solutions locales pour un désordre global, le documentaire de Coline Serreau. Il y a un certain nombre de réflexions intéressantes à ce sujet. Le film t'explique aussi qu'en tant que propriétaire d'un potager, tu n'as pas intérêt à t'installer trop près des villes. L'autonomie alimentaire d'un pays comme la France est aujourd'hui de vingt jours. Mais si tu te limites à Paris, elle n'est que de quatre jours: je dis bien, quatre. C'est ça, leur gouvernance. Imagine, dès lors, ce qui se passerait en cas de rupture d'approvisionnement. Les campagnes périurbaines seraient aussitôt pillées, razziées, etc. Au revoir mon potager. Les gens un peu prévoyants vont donc aujourd'hui s'installer très loin des villes. Le plus loin possible, en fait.

6/18/2010

L'Autre

Entendons-nous bien, dit l'Avocate: je n'ai aucune sympathie particulière pour le Guide. Les Américains ont très bien fait, à la fin des années 90, de lui balancer quelques bombes. Pour une fois, ils ont agi utilement. Dommage, simplement, qu'ils l'aient raté. Cela étant, il ne faudrait pas se méprendre. Le Guide se conduit exactement comme on est habitué, sous ces climats-là, à se conduire. On le décrit volontiers comme un psychopathe. Mais leurs critères à eux, je parle du normal et de l'anormal, ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres. Ce qui à toi te paraît bizarre, à leurs yeux, ne l'est en aucune manière. Cela leur paraît tout à fait normal. Il en est ainsi en particulier de l'héritier. On lui reproche de maltraiter sa femme, ses domestiques, etc. Mais lui-même n'a pas vraiment l'impression de les maltraiter. Il les traite comme il a toujours vu autour de lui qu'on les traitait. Ce que je veux dire, c'est qu'une fois au moins dans sa vie, la Cheffe aura croisé la réalité. Demande un peu au Guide ce qu'il pense de la répartition des tâches ménagères au sein du couple. C'est une bonne leçon, elle vaut bien un fromage. L'Autre existe, je l'ai rencontré.

6/11/2010

Tranquille

Tiens, dit l'Etudiante, le guide lybien vient de libérer son otage*. En contrepartie, il s'est vu remettre une somme d'un million et demi d'euros (Le Monde, 15 juin 2010). Un million et demi d'euros, c'est le chiffre officiel, dit l'Avocate. Il faudrait connaître le chiffre réel. Sans compter les à-côtés: frais, pourboires, commissions, pots-de-vin, etc. Je sais désormais ce que je vais faire, dit le Cuisinier: me recycler en tant que preneur d'otages. C'est tranquille comme métier. En prime, j'aurai droit aux excuses de la Cheffe. Je m'excuse, tu t'excuses, il/elle s'excuse, etc. Elle récite tout ça très bien. Je ferai comme le Guide, je la recevrai sous ma tente, en même temps que les dignes représentants de l'Union européenne. Tu as maintenant une tente, dit le Collégien? Pas encore, dit le Cuisinier. Mais quand on fait les choses, il faut les faire proprement. En tant que preneur d'otages, il me faut une tente. Autrement que dirait-on de moi. Dans quinze jours ce sont les soldes.

* L'un des fils du colonel Khadafi avait été interpellé en Suisse pour des incivilités. En représailles, Khadafi coffra un certain nombre de ressortissants suisses.