9/30/2017

D'où l'intérêt

D'où l'intérêt qu'il y a à bien distinguer entre les églises, d'une part, le christianisme de l'autre, dit l'Ethnologue. On identifie volontiers les deux choses, or ce sont deux choses très différentes. Elles existent aussi très bien l'une sans l'autre. On peut effectivement penser que les églises disparaîtront un jour. C'est même tout à fait probable. Elles paieront ainsi le prix de leurs compromissions sans nombre, aussi bien passées que présentes. Mais le christianisme lui-même ne devrait pas trop en pâtir. Car, désormais, il vit de sa vie propre. Il y a longtemps, en fait, que le christianisme s'est émancipé des églises. Cela s'est fait progressivement, avec quelques moments forts, il est vrai: l'humanisme (Erasme), la musique italienne et allemande aux XVIIe et XVIIIe siècle, les Lumières, etc. L'histoire du christianisme s'est depuis lors très largement fondue en celle de la civilisation chrétienne: civilisation, me semble-t-il, toujours bien vivante, y compris hors d'Europe (Chine, Corée, Japon). Tout ce que je dis ici, les gens d'en face le savent très bien. C'est la civilisation chrétienne qui les gêne, en aucune manière les églises (avec lesquelles, comme chacun le voit bien, ils entretiennent les meilleurs rapports). Ils ne combattent, en fait, pas les églises: pourquoi les combattraient-ils? Non seulement elles ne leur sont en rien hostiles, mais elles ne cessent, en toute occasion, de leur faire des sourires. La civilisation chrétienne, en revanche, oui. Avec elle, ils en ont bien conscience, aucun compromis ne sera jamais possible. Ce sera elle ou eux.


9/29/2017

Machiavel

L'église catholique n'est pas en reste, dit l'Auditrice. Vous avez vu les dernières déclarations du pape ? Le Figaro les résume en disant qu'il "entend rendre légale l'... illégale"*. En fait, la "protéger" (sous-titre du journal). Pour cela il propose 21 mesures: 21 mesures, qui vont du "regroupement familial" à "l'offre de citoyenneté", en passant par l'ouverture de "comptes bancaires", "l'assistance sanitaire nationale", "des systèmes de pension", la "liberté de profession et de pratique religieuse" (de la charia?), le maintien de l'"identité culturelle", etc. En contre-partie, le pape critique le "soi-disant devoir moral de conserver l'identité culturelle et religieuse d'origine" des Européens**. Les ... ont donc droit au maintien de leur identité culturelle, non en revanche les Européens. Mme ... elle-même, cette ... accomplie, n'était jamais allée aussi loin. Le siège pontifical a toujours été un ennemi acharné et souvent même mortel des libertés européennes, dit l'Avocate. Machiavel le lui reprochait déjà il y a quatre siècles, toute l'histoire de la papauté le confirme. On l'a bien vu au XXe siècle encore. Ce n'est donc pas en soi une nouveauté. Mais on franchit ici un pas supplémentaire. Le pape dit ici très clairement qu'il veut la mort de l'Europe. Sauf que lui-même, en l'occurrence, joue gros, dit le Double. Il est tout à fait possible que le pape actuel soit le dernier pape. Ce serait plutôt une bonne nouvelle, dit l'Etudiante. Je ne dis pas le contraire, dit le Double. Et l'éthicien, dit le Collégien: ce sera aussi le dernier? Hélas non, dit l'Avocate. L'espèce en est très prolifique.

Le Figaro, 23 août 2017, p. 9.
** Le Figaro, 29 septembre 2017, p. 21.


9/06/2017

Contribuer à

Les églises protestantes, en ..., se vident inexorablement, mais il existe encore des facultés de théologie, dit l'Etudiante. L'une d'elles propose dès ce mois-ci une formation continue aux futurs imams du pays. Je dis bien: imams. Certains se demanderont si c'est bien le rôle d'une faculté de théologie protestante de contribuer à l'islamisation en cours de l'Europe. La réponse est claire: oui, tel est bien son rôle. Le responsable du programme, un professeur d'éthique, le confirme: "Notre rôle à l'université n'est pas du tout de plaider pour le christianisme"*. Il dit la réalité. Et de poursuivre: "A peu près toutes les sciences ainsi que la philosophie nous ont été transmises par les musulmans". C'est historiquement faux, mais chacun sait que c'est ce qu'il faut dire aujourd'hui pour se faire bien voir. "Intégrer cette religion à l'université est la meilleure manière de penser sa complexité", dit-il encore. Sa complexité. On s'accorde, en règle générale, à considérer qu'une des raisons, et non des moindres, de l'attrait qu'exerce aujourd'hui l'islam sur certaines catégories d'individus est justement, au contraire, son extrême simplicité. C'est le christianisme qui est complexe, assurément pas l'islam. On pourrait se demander d'ailleurs si l'islam est bien une "religion". L'islam est d'abord un système de contrainte (charia), système incluant un rapport particulier au sang versé (djihad). Le sentiment qu'il inspire est très normalement et légitimement la peur, le rejet. Mais cela peut aussi être l'envoûtement, l'hypnose, un irrésistible désir de soumission, en fait de collaboration (les précédents, on le sait, ne manquent pas). C'est ce qu'on constate en l'occurrence.

* Réformés (Lausanne), septembre 2017, p. 23. Cf. aussi Slobodan Despot, "Soumission à la genevoise", Antipresse, No 92 (sur Internet).






9/05/2017

Approche

On parle beaucoup ces jours-ci des ..., dit l'Auditrice. C'est une campagne très orchestrée. Comme d'habitude, l'information est à sens unique. Seuls les petits chéris ont droit à la parole. A aucun moment, on ne prend seulement la peine d'exposer le point de vue des gens d'en face, en particulier du gouvernement birman: lequel, en cette affaire, est quand même soutenu par la Chine, l'Inde et la Russie. Des ONG spécialisées font monter encore la mayonnaise. Les pires persécutions depuis la Deuxième Guerre mondiale, claironnent-elles. Se non è vero... Revenons à la réalité. On voit que le gouvernement français vient de construire un joli petit muret tout autour de la Tour Eiffel. Des murets de ce genre, il y en aura bientôt un peu partout en France, comme aussi en Angleterre, en Belgique, etc. On veut ainsi empêcher les djihadistes de causer trop de morts sur les trottoirs, quand ils en viennent, sans le faire exprès, bien sûr, à les emprunter avec des camions volés. Cela ne les empêchera pas, il est vrai, d'en causer d'autres ailleurs. Mais chaque chose en son temps, n'est-ce pas. Pour l'heure, les gens suivent docilement les consignes des dirigeants, leur recommandant d'apprendre à vivre avec le terrorisme. Ils apprennent donc, témoignant même, en la matière, d'étonnantes dispositions. En d'autres pays (Inde, Birmanie, Chine, Russie, etc.), on a une approche différente des problèmes. C'est tout.



9/04/2017

A quoi servent

Regarde, dit l'Ecolière. Le dictateur Erdogan vient de faire arrêter en Espagne un de ses opposants, l'écrivain allemand d'origine turc Dogan Akhanti. Il figurait sur une "liste rouge"* d'Interpol. Un mandat d'arrêt international avait été lancé contre lui. On voit, par parenthèse, à quoi servent ces pseudo-organisations de lutte contre la criminalité, en réalité d'aide et de soutien aux pouvoirs en place, en particulier quand ils emprisonnent leurs opposants, accessoirement aussi soutiennent le terrorisme**. Tu ne savais pas que s'opposer au dictateur Erdogan était un crime, dit l'Avocate? Ca, oui, je le savais, dit l'Ecolière. Mais ce que je ne savais pas, c'est que ce savoir-là était à ce point partagé. C'est chose déjà ancienne, dit l'Avocate. En 2013 déjà, Erdogan avait fait arrêter et coffrer en Italie un militant belge des droits de l'homme. Ledit militant s'était permis de traiter de menteur un ministre turc de passage au Parlement de Strasbourg. Là encore, Interpol avait servi de relais***. J'ai peine à suivre, dit l'Ecolière. Je suis citoyen belge, je critique en France le dictateur Erdogan, en plus je dis la vérité, et Erdogan peut me faire incarcérer en Italie? Oui tout à fait, dit l'Avocate. Mais cela doit se faire dans les formes. C'est ce qu'on appelle l'Etat de droit. Il faut respecter les procédures, mettre les signatures au bon endroit, etc. Après quoi tout est permis. L'Etat turc, par exemple, est un Etat de droit. Il n'y a aucune hésitation à avoir à ce sujet.

* Le Temps (Lausanne), 22 août 2017.
** Cf. notamment Arnaud Dotézac, "Guerre de Syrie: La fin de la doctrine Obama", Market, No 126, 2015.
*** Voir "Nos petites...", 5 décembre 2013.