11/30/2009

42 %

Voilà, les résultats sont tombés, dit l'Auditrice. 58 % des votants ont approuvé l'initiative sur les minarets, 42 % l'ont rejetée*. 58 %, c'est beaucoup. Il faut prendre le problème par l'autre bout, dit l'Avocate: Si 58 % ont dit oui, 42 %, en revanche, ont dit non. C'est beaucoup, 42 %. Tu trouves, dit l'Auditrice? Je te rappelle ce qu'il y a dans la ..., dit l'Avocate. Elle prévoit la peine de mort pour les apostats, les homosexuels, les femmes adultères, on pourrait allonger encore la liste. Le témoignage d'une femme ne vaut que la moitié de celui d'un homme. Une femme hérite moitié moins qu'un homme. Toutes sortes d'autres choses encore de ce genre. Chacun sait par ailleurs comment les minorités religieuses, chrétiennes entre autres, sont traitées dans ces pays. Que savent-ils de l'..., dit l'Auditrice? Sensiblement plus que tu ne crois, dit l'Avocate. Et donc, d'après toi, ils aiment ça, dit l'Auditrice? On s'est mal compris, dit l'Avocate: ils n'aiment pas ça, ils adorent, en redemandent encore. Je t'étonne? Ces phénomènes sont pourtant classiques. Relis par exemple Erich Fromm: The Fear of Freedom. Ou encore Dostoïevski: la légende du Grand Inquisiteur. Ces textes n'ont pas été écrits pour rien. Reste que 58 % des gens ont dit oui, dit l'Auditrice. C'est quand même encore la majorité. Tu m'amuses, dit l'Avocate.

* Les électeurs suisses avaient à se prononcer sur une initiative populaire demandant l'interdiction des minarets.

11/21/2009

Tout un apprentissage

On croit volontiers que les jeunes se débrouillent mieux que nous dans ce domaine, dit l'Avocate. Or les jeunes sont exactement comme nous, ils pataugent. Le problème, avec ces appareils, c'est que tu ne peux que difficilement t'en passer, dit le Double. Tu le peux, bien sûr, mais tu t'exposes alors au risque de marginalisation. Prends l'exemple du téléphone portable: sans téléphone portable, tu es très handicapé. Personnellement je m'en passe très bien, dit l'Avocate. Je suis même particulièrement contente de ne pas en avoir. Mais considérons le problème dans son ensemble. En théorie, ces appareils ont été inventés pour te faciliter la vie. Chacun sait bien par expérience qu'il n'en est rien. C'est même plutôt l'inverse. Le simple fait, aujourd'hui, de prendre un billet de train exige au préalable tout un apprentissage (ils te proposent d'ailleurs des cours). En plus, l'apprentissage est permanent, car à peine as-tu compris le fonctionnement du distributeur de billets qu'ils le changent aussitôt pour le remplacer par un autre plus compliqué encore. Idem pour l'ordinateur, le téléphone cellulaire, leurs systèmes multi-médias, etc. Le handicap est aussi là, tu n'y échappes pas. Les gens s'y font, dit le Double. Justement non, dit l'Avocate. Ils ne s'y font pas. Regarde un peu ce qui se passe dans le monde du travail: tous ces suicides, le burn-out, etc. Les gens doivent en permanence se recycler, suivre des stages, apprendre le fonctionnement d'un nouveau programme, etc. A un moment donné, ils n'arrivent plus à suivre. Ils craquent.

11/19/2009

Les deux mamelles

Bref, pourrait-on dire, le terrorisme et la pédophilie sont les deux mamelles de l'Après-démocratie, dit l'Etudiante. Tu oublies le négationnisme, dit l'Ethnologue. L'astuce, dit l'Avocate, est de mettre en relief un certain nombre de phénomènes marginaux, mais à forte charge émotionnelle (ceux que vous venez de citer, par exemple, mais on pourrait en citer d'autres), afin d'occulter tout le reste (l'exploitation économique, par exemple, ou encore la corruption généralisée). Il y faut un certain savoir-faire, mais sans plus. Ensuite ils se lâchent: perquisitions au petit matin, renversement de la charge de la preuve, lynchage médiatique, procès truqués, usage rétroactif des lois, imprescriptibilité des délits, internement administratif à vie, tout y passe. Certains actes de pédophilie, comme tu le sais, sont aujourd'hui punis plus sévèrement encore que des meurtres. Ne crois-tu pas qu'à la longue, les gens se lassent, dit l'Etudiante? Qu'à cela ne tienne, dit l'Avocate. Ils trouveront autre chose.