9/28/2020

Il ne faudrait pas

Regarde, dit le Nourrisson. Les députés viennent de voter une loi autorisant désormais les mineurs, s'ils le souhaitent, à changer de sexe. Une simple déclaration à l'état civil suffira, ni vu ni connu. Se rendent-ils seulement compte de ce qu'ils font? Des dégâts ainsi occasionnés: dégâts physiques mais aussi mentaux, psychiques? Combien d'âmes et de corps ainsi abîmés, détraqués? Je pense en particulier à la chirurgie transgenre. Il faut lire les descriptions qu'on en donne. Bien sûr qu'ils s'en rendent compte, dit l'Ecolière. C'est justement ce qui les motive. Ils veulent détruire la famille: cela passe aussi par les individus: la destruction des individus. Ils font ça pour ça. Et les professionnels eux-mêmes, dit le Nourrisson: ceux qui mettent tout cela en musique. Comment peuvent-ils encore se regarder dans la glace? Ce sont des automates, dit l'Ecolière. Ils font ce qu'on leur dit de faire. Tes députés aussi, d'ailleurs. Les automates savent faire un certain nombre de choses, mais pas se regarder eux-mêmes dans la glace. Il ne faudrait pas, d'ailleurs. Ils tomberaient aussitôt en panne. Qui plus est, leur impunité est totale, dit le Nourrisson. Personne ne viendra leur demander de comptes. Ils pourriront en enfer, dit l'Ecolière. C'est déjà ça. Et les donneurs d'ordres, dit le Nourrisson? Eux c'est spécial, dit l'Ecolière. Ils auront droit à un espace séparé: un petit enfer pour eux tout seuls.

9/19/2020

A ce stade

On les traite de ..., dit l'Ethnologue. En un sens, oui, on pourrait le dire. Il y a un certain nombre de traits communs. Mais il faut élargir la perspective. Le ... lui-même, d'où vient-il? Tout comme le bolchévisme, son frère aîné et en fait mentor et modèle, il est l'héritier de la Révolution française. On ne va pas ici parler de la Terreur, mais voyez, j'en parle quand même. A leur manière aussi, les ... étaient des sans-culottes. Ni non plus, bien sûr, des noyades de Nantes. A l'époque, la police secrète d'Etat ne s'appelait pas encore la ..., c'était le Comité de Sûreté générale. Pour autant, s'il fallait porter une appréciation, elle ne se débrouillait pas trop mal. Elle n'ignorait rien de l'art de tracer les personnes, ni surtout, le cas échéant, de les mettre hors d'état de nuire. Ces personnels disposaient de piques et de gourdins, cela vaut bien nos actuels LBD. Il faut naturellement savoir s'en servir. Mais ils savaient. Ils ne se posaient pas non plus trop de questions. Les ordres sont les ordres. On connaît toutes ces choses. Bref, je prendrais plutôt le problème sous cet angle. Ce sont de proches, et même très proches parents. Ils sont de la même famille, partagent le même héritage (sinon les mêmes idées, mais à ce stade est-ce si important?). L'un ne dérive pas exactement de l'autre, ceux qui le disent, évidemment, se trompent. Mais ils ont les mêmes ascendants: l'Etat jacobin et ses sbires, le brigandisme institutionnel, la "canaille régnante" (Taine, Les Origines de la France contemporaine).

8/27/2020

Où est la limite

Cela se passe à ..., dit l'Avocate: pas très loin d'ici autrement dit. Une milice citoyenne s'est créée pour combattre les voyous et les criminels, ceux en particulier qui infestent les rues du centre-ville. Tu me diras qu'un tel travail incombe normalement à la police. Mais la police est débordée. Elle ne peut pas être partout, n'est-ce pas. Elle fait son possible, vous savez. Et donc, très légitimement, des personnes privées ont décidé de prendre elles-mêmes les choses les mains. Je dis très légitimement, car à partir du moment où l'Etat n'assure plus la protection des citoyens, ceux-ci sont légitimés à se protéger eux-mêmes. Cela relève du droit naturel. Le Guignol, évidemment, s'en indigne. "Je ne tolérerai pas ceci", a-t-il déclaré à la radio (25/8). Il tolère beaucoup de choses, mais cela, non: il ne le tolère pas. C'est drôle ce que tu racontes, dit l'Ethnologue. On pourrait faire le parallèle avec ce qui s'était passé en 2008: toujours à ..., comme il se doit. On parlait beaucoup à l'époque des pédophiles, c'était à la mode. Des chasses à l'homme étaient organisées sur l'Internet, on n'y allait pas par quatre chemins. Un homme accusé à tort s'était suicidé. Etc. Interpellé à ce sujet, non pas le Guignol mais un de ses prédécesseurs (il s'appelait aussi le Guignol) avait dit: "Où est la limite entre mobilisation citoyenne et chasse à l'homme?". Intéressant, non? On aurait pu lui demander des comptes, si l'on était dans un Etat de droit c'est ce qui se serait passé. Mais cela ne s'est pas passé. Et donc, dit le Nourrisson? Cela te montre comment fonctionnent aujourd'hui les autorités, dit l'Avocate: partant aussi ce que tu peux en attendre.

8/19/2020

Comme réalité

Ils s'indignent de ce que le président biélorusse se soit fait réélire avec 80 % des voix, dit l'Etudiante. Il faut les comprendre. En France, la REM, le parti du président, n'a fait que 28 % des voix aux dernières élections. Forcément, ils sont amenés à faire des comparaisons. Précisons quand même que si la REM a fait 28 % des voix aux élections, elle occupe 60 % des sièges au Parlement, dit l'Auditrice. Ceci compense cela. Je vais te dire, dit l'Etudiante: on devrait redéfinir la démocratie, la redéfinir pour l'adapter aux réalités. En théorie, c'est la majorité qui gouverne. Chacun peut voir ce qu'il en est en réalité. Il faudrait donc dire: non pas la majorité, mais la minorité. Voilà ce qu'est la démocratie: la démocratie comme réalité. Je paraphrase ici Zinoviev (Le communisme comme réalité, Julliard-L'Age d'Homme, 1981). Allons plus loin encore, dit l'Auditrice. Regarde les violences policières en France, violences qui ont fait plusieurs centaines de blessés ces dernières années, dont bon nombre de personnes désormais handicapées à vie. Ou encore ces milliers d'arrestations abusives lors des manifestations de Gilets jaunes en 2018-2019. Chacun a pu mesurer en cette occasion l'extrême attachement des dirigeants français actuels aux libertés publiques. Que dire enfin du respect qu'ils portent à l'Etat de droit, dit l'Etudiante. S'il est un pays où la justice est indépendante du pouvoir exécutif, c'est bien la France. On parle de la France, mais on pourrait aussi parler de l'Allemagne, dit l'Auditrice: avec sa nouvelle loi réprimant les contenus dits haineux sur Internet, par exemple. En cas d'infraction, les amendes peuvent atteindre plusieurs millions d'euros. On a là aussi une bonne idée de ce qu'est la démocratie: la démocratie comme réalité. Bref, les dirigeants français et allemands sont tout à fait fondés à éructer, comme ils le font, contre leurs homologues biélorusses, dit l'Etudiante. A qui viendrait-il l'idée de leur appliquer la parabole de la paille et de la poutre?

8/10/2020

Ni le reste

C'était hier dans le RER, dit le Nourrisson. Un petit chéri monte à bord, tout de suite il installe sa musique. En plus il la met très fort. Un voyageur lui fait une remarque, il la met un peu plus fort encore. Il pose ses jolis pieds sur la banquette en face, et alors? Evidemment, comme tout le monde, il a acheté son billet. Le petit chéri maintenant se lève, il est arrivé à destination. Je sais que ce que je vais dire est nauséabond, mais je ne trouve pas cela normal. Personne ne trouve cela normal, dit l'Ecolière. Ni cela ni le reste. Mais les gens ont peur des autorités, et donc, très logiquement, la bouclent. La peur des autorités joue certainement son rôle, dit l'Avocate. Pour autant cela n'épuise pas le problème. Autre chose encore entre en ligne de compte: le sens de l'histoire. Ne me regarde pas comme ça. Tout le monde sait vers quoi l'on va dans ce domaine, c'est même écrit en gros, très gros caractères. On peut tout à fait être à contre-courant, ce n'est pas en soi un problème. Mais comme le relève Ernst Jünger dans une page de son Journal, cela alourdit les efforts personnels, rend plus difficile de prendre appui sur l'élément moral et engendre une atmosphère de désespoir. Ce sont ses propres mots. Et donc les gens hésitent. Retiens en particulier ce qu'il dit de l'élément moral. La morale est bien sûr de ton côté, tu peux t'appuyer dessus. Mais il est plus difficile de le faire quand tu as contre toi les médias officiels, les sectes idéologiques, les sociétés de pensée subventionnées, etc. : plus difficile, en tout cas, que quand on est délivré de ce poids. On peut le faire, beaucoup, très courageusement, le font. Mais ce n'est pas si simple.

7/15/2020

Risques

Il faut resituer ces choses dans leur contexte, dit l'Avocate. Les dirigeants, comme vous le savez, favorisent un certain nombre d'évolutions macroscopiques, évolutions qu'ils jugent positives au sens où elles servent leurs intérêts. En règle générale, les populations restent passives, elles ne réagissent pas. Mais comme toujours il existe des minorités récalcitrantes. Certains individus ou groupes d'individus n'hésitent pas à critiquer de telles évolutions, voire, quand ils en ont la possibilité, à s'y opposer. Il convient donc de les rendre attentifs aux risques auxquelles ils s'exposent en le faisant. C'est le rôle de la police et de la justice. De tels risques incluent les arrestations abusives, les sévices avant, pendant et après les arrestations, les vols d'avoirs et/ou d'ordinateurs (s'ils n'ont pas, au préalable, été mis en lieu sûr, ce qui n'est que rarement le cas), les violations du secret de l'instruction, l'interprétation tordue des textes existants, les "mesures thérapeutiques institutionnelles", etc. Ces risques n'épargnent aujourd'hui personne, tous ceux ou presque ayant affaire à la justice y sont exposés. Mais en particulier les individus susmentionnés. Les seuls, et pour cause, qui ne risquent rien sont les petits chéris. Il faut vraiment qu'ils dépassent certaines limites pour que la justice s'intéresse un peu à eux: un peu. Limites, au demeurant, qui ne cessent de reculer avec le temps. Mais ce sont les petit chéris. Les évolutions en question s'accélèrent donc mécaniquement. En ce sens, la criminalité judiciaire n'est pas un vain mot.


7/10/2020

Faire son travail

Tiens, encore ce feuilleton, dit l'Ecolière. Il y a quatre ans maintenant que ça dure, et ça continue. Le temps judiciaire est décidément un temps particulier. Périodiquement, pour maintenir la pression, ils laissent fuiter certaines pièces du dossier, en veux-tu en voilà. D'une manière générale, ils s'entendent relativement bien, et même très bien, avec le Journal. Merci le Journal. De telles atteintes au secret de l'instruction, faut-il le rappeler, constituent un délit grave. Mais il y a longtemps que la loi n'est plus appliquée en ce domaine. Autant dès lors se taire, et c'est ce que font les gens: ils se taisent. S'en émeuvent-il seulement? Un peu quand même, peut-être: ils ont vaguement le souvenir de ce qu'est un Etat de droit. Mais ne veulent pas non plus que cela se sache. On ne critique pas, n'est-ce pas, la justice. Cela pourrait même se révéler dangereux. Il faut respecter la "séparation des pouvoirs" (sic), etc. Et donc ils s'écrasent: tout comme ils s'étaient écrasés, il y a six mois, vous vous en souvenez peut-être, quand, dans le cadre de cette même affaire, des membres de la police judiciaire avaient obligé un député à se déshabiller et à déféquer devant sa mère (1). Je ne sais pas ce qu'en avait dit à l'époque le Journal. Mais à l'Emission ils avaient parlé d'"arrestation musclée". Qu'en termes galants ces choses-là sont dites. Après, je veux bien qu'on répète qu'il faut laisser la justice faire son travail: ce cliché vous est connu. Personnellement, je serais plutôt favorable à ce qu'on l'en empêche. Mais je parle pour moi. Ce n'est qu'une opinion personnelle.

(1) Voir "Message", 9 février 2020.




6/14/2020

Du temps passé

Tiens, encore une rue qu'ils viennent de débaptiser, dit l'Ecolière. L'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement. On pense aux autodafés du temps passé. Pas si passé que ça, d'ailleurs. Quel rapport, dit la Poire? "Contre qui résiste à la très grande évidence, il n'est pas facile de trouver une raison qui le persuadera", dit l'Ecolière. Je cite Epictète (1). En plus, on ne peut pas dire que l'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement dit la Poire. L'homme est par exemple beaucoup plus moral aujourd'hui qu'il ne l'était autrefois. La preuve. C'est la même immoralité, mais à l'envers, dit l'Ecolière. Nous sommes aussi devenus beaucoup plus objectifs, dit la Poire. Nous ne nous laissons plus, comme autrefois, guider par les préjugés, l'émotion. Nous essayons d'être le plus en adéquation possible avec la réalité: que nous déconstruisons-reconstruisons, bien sûr: comment faire autrement. Mais c'est sans importance. Il ne nous est pas non plus possible de retenir tous les faits constatables: exactement tous, non. Dans leur immense sagesse, les autorités s'y opposent fermement. Tiens donc, dit l'Ecolière. Je vais être plus franche encore, dit la Poire. Je ne m'intéresse pas trop, personnellement, à ce qui est vrai ou faux. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il sied ou non de dire. C'est déjà assez compliqué comme ça. Tout ce qu'il sied de dire est en même temps vrai, dit l'Ecolière. Et ce qu'il ne sied pas de dire faux. On règle ainsi tous les problèmes.

(1) Entretiens, I, 5.









6/08/2020

L'un dans l'autre

On dit volontiers que les extrêmes se touchent, dit l'Auditrice. C'est si vrai qu'ils en viennent, parfois, à passer l'un dans l'autre. On le voit par exemple à la radio d'Etat, quand des rédactrices en panne d'inspiration, ne sachant trop quoi dire pour meubler leur temps d'antenne, en remettent une couche avec le "mâle blanc" (1), qu'elles accusent de tous les maux de la terre. Ce qui ne les empêche d'ailleurs pas, elles-mêmes ou d'autres en duplicata (ça se duplique facilement), de stigmatiser les stéréotypes de genre, en même temps que les propos ...istes, ...istes, etc. Les femelles blanches, en leur genre, justement, c'est aussi pas mal. Ou encore, toujours sur le service public, cet autre parlant du "...isme quasi-génétique des Euro-américains" (2). Mais oui. On imagine ce qui se passerait si les gens d'en face, ces pestiférés, s'autorisaient de telles joliesses : eux, de toute façon, perdraient leur emploi, feraient l'objet d'un lynchage médiatique en règle (sur le service public), avant, au final, de recevoir une ordonnance de condamnation signée par un juge lui aussi, bien sûr, indépendant. On insistera par ailleurs sur le fait que son propre ...isme à lui, je parle de cet autre, n'est pas génétique, mais bel et bien acquis: son immense culture, entre autres, jointe à une petite, mais très petite, dose d'opportunisme. Peut-être aussi, dans son jeune âge, écoutait-il trop déjà la radio d'Etat.

(1) 5 juin.
(2) 6 juin.


6/04/2020

Pour deux raisons

Vous avez vu ces pogroms, dit l'Auditrice? Les médias officiels n'en soufflent naturellement mot. Il faut aller sur Internet pour voir les images. La question, évidemment, qui se pose est de savoir quand tout cela débarquera en Europe. Quand, je ne sais pas, dit le Visiteur. Pour autant, si cela se faisait, cela ne ressemblerait guère à ce qu'on voit là-bas. Ah bon, dit l'Auditrice? Pour au moins deux raisons, dit le Visiteur. Là-bas, les gens sont armés, alors qu'ici ils ne le sont pas. Le droit de porter des armes n'existe pour ainsi dire pas en Europe, ou il est très limité. Qui plus est, l'Etat ne reconnaît pas ou à peine le droit à la légitime défense. Il n'y a pas ici non plus, comme aux Etats-Unis, de véritable culture de l'autodéfense. C'est la première raison. La deuxième est le président Trump. Vous avez vu les positions qu'il adopte. Faut-il le relever, ce n'est même pas ici imaginable. Il a également fait arrêter les meneurs, ce qui témoigne d'un grand courage. Il n'y a personne aujourd'hui en Europe qui accepterait de jouer ce rôle. Ces deux raisons cumulées m'amènent à dire que l'enchaînement ici ne serait pas exactement le même. Je pense en particulier au nombre des victimes. Après, il est évidemment difficile de faire des prévisions. On peut présumer qu'au bout de quelques mois, plus vraisemblablement encore quelques années, certaines formes de résistance se mettront en place: en marge de l'Etat, sans doute aussi contre lui. C'est au moins une possibilité. Au-delà, je ne me prononcerais pas.

5/31/2020

Magnanimité

Dans leur magnanimité, les autorités ont donné leur feu vert à la réouverture des lieux de culte, dit l'Avocate. A certaines conditions, il est vrai. Ainsi, les fidèles devront déposer leurs noms et numéros de téléphone à l'entrée. C'est certainement une chose que je vais faire. Vous ne voulez pas rendre à César ce qui est à César, dit la Poire? Les églises ont derrière elles deux mille ans d'obéissance passive et inconditionnelle à l'Etat et à ses représentants, dit l'Avocate. Il est donc normal qu'elles le fassent. Les églises font ce qu'elles veulent. Je ne suis pas les églises. En ces temps de pandémie, nous devons tous faire preuve de responsabilité et de civisme, dit la Poire. Vous n'écoutez pas la radio? Voici une citation de Nietzsche, dit l'Avocate. Elle est tirée du Zarathoustra: "Quoi qu'il dise il ment, et quoi qu'il ait, il l'a volé" (1). Nietzsche parle ici de l'Etat. Il le définit donc comme menteur et voleur. On dirait aujourd'hui: super-menteur et super-voleur. Quand cet Etat super-voleur et menteur, foncièrement, en fait, ..., en guerre, depuis des décennies, contre sa propre population (on vient de le vérifier encore), me demande de faire ceci ou cela, par principe je ne le fais pas. Ou si je le fais, ce n'est que contrainte et forcée. C'est mon interprétation à moi du civisme. En plus, mon numéro de téléphone n'appartient pas à César. Vous vous devez de respecter les autorités, dit la Poire. Là, c'est raté, dit l'Avocate.

(1) Ainsi parlait Zarathoustra, I, "De la nouvelle idole", trad. Maurice de Gandillac, Gallimard, 1971.

5/25/2020

Dans le plan

Le temps se contracte, dit l'Avocate. C'est, je crois, dans St Paul. Première Epître aux Corinthiens, chapitre 7. Il se contracte, autrement dit, les choses vont de plus en plus vite. Concrètement, elles ont plus progressé au cours des deux derniers mois qu'au cours des vingt dernières années. Exemple, les PME. Il en subsistera peut-être quelques-unes encore à l'avenir, mais leur sort, pour la plupart, apparaît désormais scellé. Cinémas, restaurants, librairies, est-ce seulement la peine d'en parler? Les dirigeants ont un agenda, ils s'y tiennent. Et donc l'horizon se dégage. Les derniers obstacles sont en train de tomber. Il n'y a plus ici d'exclus, car l'exclusion est aujourd'hui le sort commun: elle perd donc toute signification. Le centre est partout et la circonférence nulle part. La clochardisation résume bien l'ensemble de ce processus. Elle n'épargne aujourd'hui personne. L'... des vieux s'inscrit également dans ce contexte. Du passé faisons table rase. Bref, ils sont à bout touchant. En même temps, ce qui est normal, le régime se radicalise. Il est exsangue, racle ses fonds de tiroir, mais a quand même trouvé l'argent nécessaire pour recruter 10'000 policiers supplémentaires. Ils étaient 100'000, ils seront désormais 110'000: 10 % de plus. Gouverner c'est prévoir. Attendons maintenant la suite. Je ne sais pas si vous connaissez cette phrase d'Ernst Jünger, dit le Visiteur. Elle date de juin 1945 : "L'échec est compris dans le plan" (1).

(1) Journaux de guerre, 1939-1948, Pléiade, 2008, p. 894.










5/01/2020

Exceptions

La pierre angulaire du régime, comme vous le savez, c'est la surveillance électronique, dit l'Ethnologue. Otez la surveillance électronique, et tout s'effondre. Il est donc impératif que quand les gens ont quelque chose à se dire, en particulier d'important, ils le fassent par l'Internet. En règle générale, c'est ce qui se passe: La plupart des gens communiquent aujourd'hui par l'Internet. C'est devenu une habitude, ils n'y pensent même plus. Mais il y a des exceptions. Certains, une minorité, peut-être, mais une minorité quand même, ont bien compris qu'ils avaient, quant à eux, plutôt intérêt à ne pas utiliser l'Internet: par exemple quand ils ... un ...; ou, plus grave encore, un ... d'... Ils préfèrent alors se déplacer eux-mêmes pour parler aux personnes, ou encore utiliser un messager. Le régime le sait et cela lui pose un problème. On peut bien sûr confiner tout le monde à la maison: c'est ce qui s'est fait pendant deux mois. Mais le confinement n'est pas toujours possible. Ou n'est possible que pendant un laps de temps relativement court et limité. C'est une mesure extrême. A un moment donné, quand même, les gens ont besoin de sortir de chez eux. Il faut donc trouver autre chose. Ici interviennent les lignes de démarcation. On divise le pays en plusieurs zones compartimentées, avec interdiction de passer d'une zone à l'autre. C'est assurément moins efficace que le cloisonnement strict, et en plus cela a l'inconvénient d'évoquer la période de l'Occupation. Mais la politique étant l'art du possible, il faut bien s'en contenter.






4/28/2020

Préparation

Résumons-nous donc, dit l'Ecolière. Quand ils disent qu'ils luttent contre le ..., personne, évidemment, ne les croit un seul instant. On sait depuis longtemps que c'est l'inverse exactement qui est vrai. Ils font tout leur possible pour le soutenir et l'aider à se développer. C'est peut-être même eux qui l'ont créé. Je ne dirais pas qu'il en va ici de même. Assurément ils luttent, ça c'est sûr. Le soin tout particulier qu'ils mettent à protéger la population contre l'utilisation inconsidérée de l'hydroxychloroquine en est un exemple. Mais non le seul. On a beaucoup parlé ici même de leur impréparation. Elle est indiscutable. Mais il faut être prudent. A un certain niveau d'impréparation, il est difficile encore de parler d'impréparation. Tant d'impréparation exige au contraire une grande préparation. On peut raisonner de même à propos du déconfinement. Certains, le professeur Raoult notamment (il commence à nous agacer sérieusement, celui-là), prétendent que la pandémie est en train de s'arrêter. A l'évidence, il ne sait pas de quoi il parle. Ces épidémies, en fait, ne s'arrêtent jamais. Nous nous devons donc de rester vigilants. Il ne faudrait pas par ailleurs que les gens reprennent trop vite leurs vieilles habitudes: s'éloigner de plus de 100 km de chez eux, par exemple. Ou se promener le week-end en forêt. La santé d'abord. Avec ou sans Rivotril, 60 % des PME sont aujourd'hui passées de vie à trépas: pensons aux 40 % restants. Etc. Bref, nous ne voulons pas toujours ce que nous donnons l'impression de faire, ni ne faisons ce que nous donnons l'impression de vouloir. C'est ce que j'entends par préparation. Croyez-moi, cette pandémie est loin encore d'être terminée. C'est au moins mon impression.




4/20/2020

Société totale

Ce qui se passe aujourd'hui est d'une bien plus grande importance que le 11 septembre, dit l'Avocate. Sauf que c'est le même paradigme. Les lois antiterroristes avaient pour but la création d'un Etat total. En grande partie, c'est maintenant chose faite. Mais les dirigeants n'entendent pas en rester là. Ils veulent aller plus loin encore. L'Etat total c'est bien. Mais au-delà de l'Etat total, il y a la société totale. Une définition possible de l'Etat total est de dire qu'il donne tous les pouvoirs à la police. La police fait ce que bon lui semble, elle fonctionne en roue libre. Voilà l'Etat total. La société totale, c'est autre chose encore. L'objectif, en l'espèce, est une refonte complète du mode et des habitudes de vie. L'actuelle pandémie en offre l'opportunité. On profite du choc ainsi créé (une divine surprise) pour avancer un peu plus encore dans la voie de l'Etat total, mais surtout pour jeter les bases de la société totale. Des pans entiers de l'économie sont d'ores et déjà passés à la trappe (en certains pays, jusqu'à 50-60 % des PME). On crée ainsi les conditions de possibilité idéales d'une nouvelle société: la société totale, justement. Ubérisation du travail, télémédecine, école numérique, "homme augmenté", certificat de santé, confinement-déconfinement, application de tracking, euthanasie, revenu unique de base: telles en sont les caractéristiques. Avec cette pandémie, les gens se voient par ailleurs condamnés à l'isolement. On pourrait ici citer Aristote et ce qu'il dit de la tyrannie. Pour le tyran, explique-t-il, rien n'importe tant que de séparer les individus les uns des autres. Ils ne doivent pas se parler ni avoir de contacts entre eux. Grâce à la pandémie, cela cesse d'être un souci.

(1) Voir "Aller et venir", 21 mars 2020.


4/15/2020

Retournement

Comme on le relevait il y a quelques mois (1), la France est divisée en trois parties, dit l'Ethnologue: 1) la suprasociété et son bras armé policier (100'000 hommes, quand même); 2) la France périphérique; 3) les banlieues sécessionnistes. On peut à partir de là poser le problème de la guerre. Quand l'Administrateur direct dit: "Nous sommes en guerre", la guerre à laquelle, consciemment ou non, il se réfère est évidemment sa propre guerre à lui, celle que lui-même et la suprasociété qu'il représente livrent à la France périphérique. Avec la pandémie actuelle et les mesures extrêmes dont elle a été le prétexte, cette guerre, effectivement, est entrée en une phase nouvelle: peut-être même sa phase terminale. C'est une guerre totale, qui plus est d'une particulière férocité. Le décret du 28 mars dernier en offre un exemple privilégié (2). L'Etat tue et ne s'en cache pas. On ne peut pas dire non plus qu'ils encourage beaucoup les gens à se soigner. Regardez ce qui se passe avec l'hydroxychloroquine. Guerre totale, donc, mais qui, significativement, s'arrête à la porte des banlieues. On ne touche pas aux banlieues sécessionnistes. On est même aux petits soins avec elles. En contrepartie, celles-ci rendent à la suprasociété un certain nombre de services. Lesquels au juste, nous en avons souvent parlé ici même. En ce sens, il faut le reconnaître, l'avenir de la France périphérique apparaît assez sombre. On ne voit qu'une issue possible pour elle: un éventuel retournement d'alliance. Si les banlieues sécessionnistes étaient entrées en ... lors des récentes manifestations de Gilets jaunes, il n'est pas absolument sûr que l'Administrateur direct serait encore là pour nous expliquer le monde.

(1) Voir "En trois parties", 24 novembre 2018.
(2) Voir "Décret", 4 avril 2020.




4/04/2020

Décret

Quand ils disent qu'ils manquent d'appareils, on les croit sans peine, dit le Cuisinier. Ils manquent d'appareils, mais aussi de masques, de gants, de tests : de tout, en fait. Après, comme le relève l'économiste Gaël Giraud (1), il ne faut pas s'étonner s'il y a des morts. Tout se paye. Sauf qu'on ne sait jamais d'avance qui mourra ou ne mourra pas. Aujourd'hui même, à la radio suisse (2), un médecin a dit que des discussions ont lieu tous les jours sur la question de savoir qui a droit ou non aux soins intensifs. Tous les jours : autrement dit, on n'a pas attendu cette épidémie pour les avoir. Mais elle les ravive. J'aime le mot discussion. Certains seront entubés, d'autres non. Ils en discutent donc, comme c'est mignon, et à un moment donné, on peut au moins l'imaginer, passent au vote. Zinoviev a intitulé l'un de ses livres, Le communisme comme réalité. On a aujourd'hui les droits de l'homme comme réalité. Le mieux encore, c'est quand la loi s'en mêle, dit l'Avocate. En France, un décret du 28 mars dernier autorise désormais l'injection du Rivotril à certains patients atteints du Coronavirus, ceux en charge palliative. Il ne l'impose pas, remarquez: il ne fait que l'autoriser. On respecte les croyances et convictions de chacun. C'est une possibilité, rien d'autre. C'est vrai qu'ils n'aiment pas trop se mettre dans l'illégalité, dit l'Ethnologue. Lorsqu'ils font quelque chose d'illégal, très vite ils le légalisent. C'est un trait d'époque. Pensez aux lois antiterroristes. Ils sont ainsi sûrs de ne rien faire d'illégal. En l'espèce, ils ... ... ... ... ... C'était autrefois illégal, ce ne l'est plus aujourd'hui. C'est au contraire tout à fait légal. Ils ont changé la loi. Il n'y a rien au-dessus de la loi, dit la Poire. La loi c'est la loi. Nous sommes dans un Etat de droit.

(1) RT France, dans l'émission "Interdit interdire", 24 mars 2020.
(2) 4 avril 2020, vers 12h45.




4/02/2020

En retrait

C'est effectivement un coup d'Etat, dit le Colonel (1). Mais un coup d'Etat mondial. Je crois qu'on peut le qualifier ainsi. Dans quel but, avec quels objectifs, c'est assez évident. Beaucoup en appellent à la ... Vous connaissez ma position. Il faut toujours tenir compte du rapport de forces. On est en présence d'un rouleau compresseur, il broie tout sur son passage. Autant en être conscient. Ces gens sont sans surmoi, en témoignent les violences qu'ils s'autorisent au quotidien (violences, à vrai dire, inimaginables: il faudra bien un jour en dresser le bilan). Restez donc en retrait, ne prenez pas de risques inutiles. Privilégiez votre santé, protégez-vous. Ces conseils étaient déjà valables hier et avant-hier, ils le sont à plus forte raison encore aujourd'hui. Cela étant, tout passe, tout coule. Pensez au régime soviétique à la fin des années 80. Ou en remontant un peu plus haut encore dans le temps, à la dictature argentine (non, bien sûr, on ne peut pas comparer. Je ne le fais pas, d'ailleurs). Qui aurait pensé, en 1976, date de son instauration, qu'elle disparaîtrait sept ans à peine plus tard, à la suite de la guerre des Malouines? Ce sont deux exemples, mais on pourrait en citer d'autres. Votre impuissance, aujourd'hui, est totale. Tout ce que vous ferez ou tenterez de faire se retournera contre vous. Il faut le savoir. Mais c'est ce qui se passe maintenant. Vous ne savez pas de quoi demain sera fait.

(1) Voir "Aller et venir", 21 mars 2020.


4/01/2020

A quoi s'attendre?

Rien, bien évidemment, ne sera plus jamais comme avant, dit le Visiteur. Un autre monde est en train de naître, très différent du précédent. Voyez ces queues à la poste ou devant les magasins d'alimentation. Elles ne pourront, à l'avenir, que s'allonger indéfiniment. Qui plus est, ce basculement s'est fait très vite: en moins de temps, à vrai dire, qu'il n'en fallait pour le décréter. C'est sans précédent. Au-delà, à quoi s'attendre ? On l'entrevoit sans peine. On vous prendra tout, vos comptes seront bloqués. Le cash sera supprimé, tous vos payements s'effectueront par puce RFID. D'où le passage prochain à la 6G, qui contribuera un peu plus encore à affaiblir vos défenses immunitaires. L'accès aux forêts et d'une manière générale à la campagne et à la montagne vous sera interdit. Vous aurez encore le droit de vous promener, mais uniquement sur quelques chemins prévus à cet effet. Vous devrez chaque fois vous annoncer à la police, en indiquant l'heure de votre retour. Des contrôles seront effectués à l'aide de drones et de caméras-vidéos. Vous devrez obligatoirement être muni d'un passeport intérieur et le présenter à toute réquisition des forces de l'ordre. Pour le reste, vous n'aurez pas le droit de sortir de votre quartier. Votre logement, s'il est jugé sous-utilisé, sera réquisitionné au profit de ... ou de ... d'... Etc. A partir de là, deux possibilités : soit, comme jusqu'ici, continuer à vous laisser faire, en quel cas la condition d'esclave n'aura plus pour vous le moindre secret, soit faire preuve d'inventivité.




3/21/2020

Aller et venir

L'Etat, comme instance de contrôle social, est par principe hostile à la liberté d'aller et venir, dit l'Ethnologue. On peut ici citer Paul Virilio: "Directement ou indirectement, les lois s'opposent toujours à la liberté du mouvoir. (...) La montée de l'Etat occidental, ce n'est que l'expansion de son étant contre tout existant, la production et la reproduction de son champ de stratagèmes, champ artificiel créé entre les pôles opposés du mouvoir et du mû, et qui aujourd'hui n'est plus seulement celui d'une armée, d'une police, d'une administration, mais celui de l'ensemble planétaire" (1). Bref, de tout temps, l'Etat s'est employé à limiter la liberté d'aller et de venir, à la soumettre à diverses contraintes de fait ou de droit. Mais particulièrement à notre époque. Essayez, par exemple, d'aller et venir dans une banlieue à risques. Juste, essayez. On ne saurait dire non plus que la réintroduction récente du loup et de l'ours en ... encourage beaucoup de gens à aller et venir en certains lieux. Cela aussi relève du contrôle social. Le reste vous est connu: téléphonie mobile, drones, caméras-vidéos, etc. Vous vous croyez libres d'aller et venir où bon vous semble, en fait l'Etat ne vous quitte jamais des yeux. Il sait toujours où et avec qui vous êtes, ce que vous faites, etc. Au-delà, il ne rêve que d'une chose: vous savoir tranquille à la maison, sans autre lien avec le monde extérieur que les écrans du télétravail et/ou de l'enseignement à distance. Or, grâce à cette pandémie (fort bien instrumentée, il faut le reconnaître), le rêve est en train de devenir réalité. L'Etat ne se contente plus aujourd'hui de limiter la liberté d'aller et venir: il la supprime purement et simplement. Ce n'est que provisoire, dit-il. Sauf qu'il n'y a que le provisoire qui dure. L'Administrateur direct abat ses cartes. Parler de coup d'Etat serait excessif.

(1) L'Insécurité du territoire, Galilée, 1993, p. 81.



3/13/2020

Trump

Regarde, dit le Nourrisson: Trump claque la porte aux Européens, et cela sans même les prévenir. C'est quoi ces méthodes? C'est un acte de guerre, dit l'Ecolière. Le dernier en date d'une très longue série, en fait. On espère, sans trop y croire, que les Européens finiront par comprendre. Elargissons maintenant la perspective. A l'Ouest, Trump, à l'Est, Erdogan, voilà où l'on en est aujourd'hui: les deux branches de la tenaille. Au Sud, je n'insiste pas. A la frontière gréco-turque, des candidats à l'... ont jeté des pierres contre les policiers grecs aux cris de Allah Akbar. Ce qui n'empêche pas les médias officiels de continuer à disserter sur l'Autre qui ne nous voudrait que du bien. La guerre c'est la paix, l'ennemi l'ami, etc. L'Europe a bien quand même encore quelques amis, dit le Nourrisson. Oui, mais les quelques amis qui lui restent, elle les traite en ennemis, dit l'Ecolière. Et donc, dit le Nourrisson? Une fois de plus, il faut en revenir à Polanski, dit l'Ecolière: à Polanski et à son film, The Ghostwriter. Dans ce film, Polanski explique qui sont les dirigeants européens: comment ils ont été sélectionnés, pour qui ils travaillent, etc. On peut évidemment compter sur eux pour désigner l'ennemi. Qu'attendons-nous donc pour aller les chercher dans leurs bunkers, dit le Nourrisson: eux-mêmes et leurs Ghostwriters? Essaye un peu, dit l'Ecolière. Bref, la situation semble assez désespérée, dit le Nourrisson. Il ne faut désespérer de rien, dit l'Ecolière.

3/09/2020

Effondrement

Cette pandémie est-elle autre chose qu'une simple grippe, dit le Nourrisson? Il faut poser le problème autrement, dit l'Ecolière. Le réchauffement climatique existe-t-il ou non? Oui, bien sûr, il existe. Mais il y a aussi autre chose: l'utilisation qui en est faite. C'est presque plus important encore. Il en va de cette pandémie comme du reste: terrorisme, réchauffement climatique, catastrophes en tout genre, moyen ou grand remplacement, etc. Elle permet aux dirigeants de verrouiller un peu plus encore le système, en même temps que de tester leur aptitude à l'exercice du pouvoir total. De nouvelles lois sont votées, on interdit aux gens de sortir de chez eux, etc. (1) Ce sont des tests grandeur nature. On va chaque fois un peu plus loin. Les gens obéissent, d'une certaine manière ils n'ont pas le choix. Si je disais que les dirigeants s'en plaignent, personne ne me croirait. On a de bonnes raisons par ailleurs de penser que ce premier épisode en prépare (et en cache) un autre, d'une bien plus grande ampleur encore. On pense ici à la monnaie, aux banques, etc. L'effondrement qui vient se laisse-t-il ainsi instrumenter, dit le Nourrisson? La preuve, dit l'Ecolière. Cela étant, tu connais l'histoire de l'apprenti-sorcier. Je dirais donc: jusqu'à un certain point. C'est compliqué la vie. Bref, ils jouent avec le feu, dit le Nourrisson. Qui ne risque rien n'a rien, dit l'Ecolière. Leur but est assez clair, c'est 1984 en plus radical encore. L'effondrement qui vient (en fait, il est là) est un bon accélérateur. Il permet de brûler quelques étapes. Mais il peut aussi te revenir en pleine figure. C'est quitte ou double.

(1) Voir "Juste un peu" (1) et (2), 6 et 7 février 2018, et "Basique", 7 novembre 2013.



3/07/2020

Dans son propre monde

Tu te souviens de ce retraité qui avait réussi à survivre dix jours durant dans la nature, avec à ses trousses un millier de perdreaux armés jusqu'aux dents, qui le recherchaient pour "opposition aux actes de l'autorité", dit l'Ecolière (1) ? Entre-temps, il a passé plusieurs années en prison. Il aurait dû être libéré ces jours-ci, sauf que l'Etat de droit en a décidé autrement. S'appuyant sur de nouvelles lois récemment votées, les juges ont transformé sa première peine de prison en internement à vie, car ils le considèrent comme dérangé psychiquement. N'a-t-il pas en effet dit que la ... était un Etat policier? Il faut être gravement atteint pour dire des choses pareilles. La ..., un Etat policier? Allons donc, vous rêvez. Vous êtes hors-réalité. Le type aggrave encore son cas en refusant de reconnaître qu'il est malade. Il envoie en effet promener les psychiatres qui voudraient s'occuper de lui, autrement dit, on peut le penser, lui faire ingurgiter des neuroleptiques à hautes doses, afin de le transformer en légume. Là, très clairement, on a affaire à un déséquilibré. Comme le disent les juges dans leurs attendus, "il vit dans son propre monde". Le mieux, dès lors, qu'on puisse faire est de le mettre à l'isolement. Car il y a un risque de prolifération virale. Il ne faut pas qu'un tel individu puisse contaminer les gens autour de lui.

(1) Voir "Sui juris", 14 septembre 2010.

2/23/2020

Bonnes manières

Ce n'est pas la première fois que l'on dénonce l'hypocrisie des Grands, dit l'Ethnologue. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Sauf que les Grands se dénoncent ici eux-mêmes. Eux-mêmes donnent à voir ce qu'ils font au quotidien, mais le plus souvent en cachette, en s'abritant derrière de pieux mensonges. Ils continuent, certes, à mentir, mais à côté de ça, par simple balourdise, font apparaître l'exacte vérité. Le régime accuse le coup. La police secrète d'Etat s'est saisie de l'affaire. On dira que ces contradictions ne nous regardent en rien. Je suis d'un autre avis. Il faut toujours en revenir à Machiavel: "Il m'a semblé plus convenable de suivre la réalité de la chose que son imagination". S'il ne s'agissait que d'un cas individuel on pourrait discuter. Or cette hypocrisie est très partagée.  Elle caractérise une certaine strate socio-économique, l'actuelle Nouvelle Classe aujourd'hui au pouvoir. On est en présence d'un marqueur identitaire. Cette vidéo nous éclaire donc sur le fonctionnement d'ensemble du système: en soi chose utile. On pourrait le résumer en disant qu'il n'y a plus ici de surmoi (sauf pour la galerie, et encore: pour autant, comme on le voit, que les intéressés ne commettent pas trop de bêtises). On observera par ailleurs que les bonnes manières forment un tout. Est-ce entièrement un hasard si les mêmes qui se mettent aujourd'hui en scène sur un portable ne trouvent rien à redire au fait que l'Administrateur direct ait recours aux LBD pour écraser toute espèce de contestation dans la rue?





2/19/2020

Austérité

Le plus impressionnant encore, c'est le silence des médias, dit le Cuisinier: rien, pas le moindre écho dans la presse ni à la radio, black out total. Ou alors ils retournent la réalité. Ainsi ce soir, à la radio, évidemment sans penser à mal, ils ont dit que la victime avait eu des "ennuis avec la justice" (1). Mentir est tout un art. Pour apprendre ce qui s'est passé, on en est dès lors réduit, comme le plus souvent aujourd'hui, à aller sur Internet. Ce qui en dit long sur l'état actuel de la liberté de la presse en ... On pourrait ajouter qu'aucune sanction non plus n'a été prise à l'encontre de ces perdreaux otanisés, de vrais tchékistes en fait. Ils ont très vite retrouvé le chemin de leur bureau, repris, comme si de rien n'était, leurs occupations antérieures, etc. On s'étonnerait presque, au point où l'on en est, que leur hiérarchie ne leur ait pas adressé ses félicitations. Elle l'a peut-être fait, d'ailleurs. Quant aux grapignans, ils continuent à plastronner, à donner des ordres, etc. Au passage, on rappellera que ce sont les mêmes, à ce qui se dit au moins, qui, en violation du ..., n'ont pas hésité à ..., etc. La loi, je m'assois dessus. Remarquez, c'est ce que, moi aussi, je fais de plus en plus. Qu'est-ce que la loi aujourd'hui. Mais je ne suis pas grapignan. Bref, qu'on s'émerveille ensuite du niveau jusqu'ici jamais atteint de corruption dans cet ex-haut-lieu de l'austérité républicaine.

(1) 19 février.

2/09/2020

Procédures

C'est vrai qu'on assiste aujourd'hui à des choses qu'on aurait eu peine, il y a quelques années encore, à seulement imaginer, dit l'Avocate (1). Exemple, cette arrestation. En même temps, elles ne viennent pas de rien. Il faut savoir que les procédures en matière de gestion des crises et de maintien de l'ordre sont aujourd'hui pensées et planifiées à l'échelle de l'OTAN. On ne va pas ici s'étendre sur la criminalité policière, c'est un chapitre en soi, mais on insistera en revanche sur le fait qu'elle n'épargne aujourd'hui aucun pays. L'Ecolière fait allusion aux portes que l'on fracture au moment des arrestations. Le concept en remonte à l'époque de la dictature de Pinochet, dans les années 70 du siècle dernier. Il a ensuite été théorisé par les Américains, à l'occasion de la guerre en Irak. Ce sont des techniques d'intimidation, toutes les polices occidentales y ont aujourd'hui recours. La peur c'est le pouvoir. Il en va de même des actes de maltraitance que rapporte l'Ecolière. Il ne faut pas dire que les responsables de tels actes (le procureur et ses sbires) ignorent ce qu'ils font: ils le savent au contraire très bien. Ils ont même suivi des séminaires à ce sujet. D'une manière générale, chacun voit bien à quoi, aujourd'hui, sert la police, quelle est sa raison d'être. Elle ne sert pas à combattre les délinquants, mais bien les non-délinquants. C'est à cela même qu'elle est aujourd'hui dressée, j'allais dire instruite. C'est un instrument de pouvoir, rien d'autre.

(1) Réédition modifiée d'un texte en date du 17 décembre 2019.




Message

Tiens regarde, dit l'Ecolière, ça se passe juste à côté (1). Ils viennent d'arrêter un député. Avec, comme il se doit, perquisition du domicile. On ne dit pas s'ils ont cassé ou non la porte. Mais ils ont saisi son ordinateur. Et comme il a la simplicité d'avoir un portable, également son portable. Il y a également eu une fouille à nu (2). Ce sont les procédures actuelles, celles initialement expérimentées en Irak par les Américains, avant d'être formalisées dans le cadre de l'OTAN. Elles sont aujourd'hui la norme dans toutes les polices européennes. Qu'avait-il fait de mal, dit le Nourrisson? Il s'intéressait de trop près à des notes de frais, dit l'Ecolière: irrégulièrement gonflées, si l'on en croit la rumeur. Mais évidemment ce n'est qu'une rumeur. A plus forte raison encore quand on la commente en disant que la corruption, à ..., serait devenue systémique. Systémique, c'est très exagéré. Il serait tout à fait faux de qualifier le ... de ... de république bananière. Pour le reste, on est en pays de connaissance. Ce ne sont pas les délinquants qui vont aujourd'hui en prison, mais bien ceux qui dénoncent leurs agissements. Au fond, quel est le message, dit le Nourrisson? Car, bien sûr, il y a un message. Ils ne font pas ça pour rien. Le message est le suivant, dit l'Ecolière. Le vrai pouvoir, c'est nous. Mettez-vous bien ça dans la tête. Et donc nous faisons ce que nous voulons: juste ce que nous voulons. En latin, si vous savez le latin: fiat pro ratione voluntas. Après, on vous ... Le Parlement, en particulier, on n'en a rien à faire. Quant à ces notes de frais, truquées ou non, elles ne vous regarde en rien. C'est secret-défense. Bon, dit le Nourrisson, en soi ce n'est pas nouveau. A quoi servent nos impôts, tout le monde le sait (et depuis longtemps). Accessoirement aussi, que la démocratie n'est qu'un décor en carton-pâte. Sauf qu'ils jouent désormais franc-jeu, dit l'Ecolière. C'est une nouvelle étape. Il n'y a plus de décor, même en carton-pâte.

(1) Réédition augmentée d'un texte en date du 15 décembre 2019.
(2) Cf. Slobodan Despot, "L'affaire Simon Brandt, un 'signal faible' - et assourdissant", Antipresse, No 219, 9 février 2020.




1/28/2020

La dernière cabine téléphonique

C'est passé complètement inaperçu, dit le Cuisinier: ils viennent de supprimer la dernière cabine téléphonique. Oui, la dernière. Ils auraient pu en maintenir quelques-unes au moins en fonction: dans les gares et les aéroports, par exemple. Ou encore les hôpitaux. Quelques-unes. Leur suppression, à ces endroits-là, va créer de réels problèmes. Qu'est-ce que tu crois. Ils les ont toutes supprimées: toutes et sans exception. Et donc, soit tu disposes d'un téléphone portable, soit tu ne téléphones pas. C'est aussi un signe. Nous voici revenus au temps des messagers, dit l'Ecolière. Un nouveau créneau pour Uber, peut-être. Vous avez vu le dernier film de Ken Loach? C'est bien sûr un geste politique, dit l'Avocate. D'une extrême violence, mais politique. Il faut l'interpréter ainsi. Pendant que les communicants officiels amusent la galerie avec la crise climatique, l'Etat total, lui, continue d'avancer ses pions. Tranquillement, mais il les avance. Un certain nombre de personnes se refusent, à l'heure actuelle encore, à avoir un portable. Elles restent ainsi non-traçables. Pour l'Etat total, c'est inacceptable. Il ne peut pas exactement encore te contraindre à avoir un portable. Mais il accroit la pression. Il faut retourner le problème, dit le Colonel. Imaginez, je ne sais pas, moi, par exemple une panne de courant, leurs liaisons réseaux qui s'arrêtent subitement: crise climatique ou non, c'est une chose qui pourrait très bien un jour se produire. Ils feront alors comment pour tracer les gens?



1/09/2020

Au pain et à l'eau

Et la Carpe, dit l'Avocate. Vous avez vu ses voeux du 1er Janvier? Elle se fait d'abord filmer dans une boulangerie, Madame fait ses courses. Puis elle lance: du pain vous en avez, vous en aurez toujours.  Arrêtez donc de nous casser les pieds, de geindre et de pleurer. Contentez-vous de ce que vous avez. Je résume bien sûr. La Carpe dessine ainsi les lignes directrices de la politique qui sera suivie ces prochaines années. Elles n'ont d'ailleurs rien de très original. Voyez l'Administrateur direct en ... Ou encore Mme ... en ... Les décisions en la matière ne se prennent pas à l'échelon étatique mais supraétatique. Mais c'est ici dit avec une franchise et une netteté particulières. On pourrait aussi parler de provocation. Dès lors, à quoi s'attendre? Dans l'immédiat, très banalement, à un accroissement de la pression fiscale. L'Etat vous prend déjà beaucoup d'argent, il devrait vous en prendre davantage encore à l'avenir. Les prétextes possibles ne manquent pas: écologiques notamment. Attendez-vous aussi à une confiscation de votre épargne. Les Etats en rêvent depuis longtemps (1), ils pourraient être tentés maintenant de passer à l'acte. Bref, vous survivrez, n'ayez crainte: mais au niveau, précisément, de la simple survie ("at subsistence level"). Tout ce qui excède la satisfaction de vos besoins élémentaires vous sera ôté. Tout. C'est ça le message. Littéralement, on vous met au pain et à l'eau.

(1) Voir "Excellente journée", 13 avril 2013.


1/05/2020

Indicateur social

Tiens, on l'avait oubliée, celle-là, dit le Cuisinier. Tu as vu ses dernières déclarations? Elle dit que l'époque où l'on pouvait encore voyager assis dans le train est révolue. Les gens devront désormais s'habituer à voyager debout. Dans le registre cynique, ont fait difficilement mieux. La ... est un bon indicateur social, dit l'Ethnologue. Elle-même ne compte pas au nombre des dirigeants, ce n'est qu'une simple courroie de transmission: mais bonne. Elle a aujourd'hui tendance à se lâcher, ce qui est révélateur d'une nouvelle attitude des dirigeants. Ceux-ci considèrent qu'ils n'ont plus aujourd'hui besoin de mentir pour faire avaler aux gens ce qu'ils ont décidé de leur faire avaler. Ils s'y sentaient jusqu'ici contraints, à cause du niveau d'éducation, qu'ils jugeaient excessif, des populations: elles réfléchissaient trop, ce qui parfois incite à la révolte. On ne pouvait donc pas tout leur dire, il importait autant que possible de filtrer la réalité. Mais ce n'est plus aujourd'hui tellement nécessaire. Les dirigeants peuvent s'en dispenser, car leur programme de décérébration accélérée (à l'école notamment) commence à produire des résultats. Les gens sont devenus très bêtes, à partir de là aussi très apathiques. Ils ont complètement intériorisé par ailleurs le fait qu'ils devront désormais se contenter du minimum, et même du minimum du minimum. Comme le dit très bien la ..., c'est une habitude à prendre. En ..., comme tu sais, 10 % des gens renoncent désormais à aller chez le dentiste pour se faire soigner, c'est devenu trop cher pour eux.












1/01/2020

Carlos Ghosn

Tiens, dit l'Avocate. En voilà un autre qui ne croit pas à l'indépendance de la justice (1). C'est drôle, il y en a de plus en plus. Et donc, avec raison, il cherche à lui échapper: justice, en fait, comme il le dit très bien, qui n'a de juste que le nom. C'est le cas de la pseudo-justice japonaise, mais pas seulement. On s'abstiendra ici par exemple de porter une appréciation trop précise sur la justice anglaise (non, je ne pense pas à Julian Assange). Ou ... Les médias officiels s'étranglent. Comment, vous ne croyez pas à l'indépendance de la justice? Non, on n'y croit pas. Personne, d'ailleurs, n'y croit. Vous voulez vous soustraire à la justice? A notre sacro-sainte justice? A votre justice de ..., vous voulez dire? Oui, absolument. Est-ce seulement pensable? Penser l'impensable exerce l'esprit. Il faut aussi voir à quoi ressemblent les prisons japonaises (mais aussi anglaises, ..., etc.). Il est beau, leur Etat de droit. Personne n'est au-dessus des lois, ânonne le ministre de l'Intérieur (oui, le nôtre, celui impliqué dans les violences policières de l'an dernier). Bref, enfin une bonne nouvelle. En plus, il les ridiculise. Il montre qu'il est tout à fait possible, à condition, il est vrai, d'en avoir les moyens, de leur fausser compagnie. Il crée ainsi un précédent. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l'Etat total n'est pas tout-puissant. Il y a toujours moyen de le tenir en échec. C'est très réjouissant cette histoire.

(1) Carlos Ghosn quitte le Japon pour se réfugier au Liban.