11/23/2011

"Les neiges du Kilimandjaro"

C'est l'angle mort du film, dit l'Ethnologue. A aucun moment il n'y est seulement fait référence. Tu vois de quoi je parle. Et pourtant l'histoire se passe à Marseille. La crédibilité de certaines scènes s'en ressent. Mais c'est un film intéressant. Il montre bien en particulier comment la crise conduit à l'éclatement des solidarités naturelles, celles entre jeunes et vieux par exemple. Les jeunes en veulent à leurs aînés de n'avoir pas connu les difficultés auxquelles eux-mêmes se trouvent aujourd'hui confrontés: ce qu'ils appellent la galère. Et donc, plutôt que de s'en prendre aux vrais responsables de la crise: les dirigeants, ils retournent leur agressivité contre les vieux, leur reprochant de se la couler douce, alors qu'eux-mêmes doivent se débrouiller comme ils le peuvent pour survivre au jour le jour. C'est un aspect de la guerre de tous contre tous. Moyennant quoi les spéculateurs continuent d'arrondir leurs fins de mois, de les arrondir, en particulier, en faisant monter les taux d'intérêt. C'est autant d'argent qu'on retire à l'Etat social, autrement dit aux pauvres et aux classes moyennes, toutes générations confondues. C'est quoi le titre du film, dit l'Etudiante? Les Neiges du Kilimandjaro, dit l'Ethnologue.

11/16/2011

Du capital

On en a souvent fait la remarque, dit l'Auteur: c'est l'armée de réserve du capital. Mais l'expression est ambiguë. Quand Marx, qui l'a forgée, l'utilise, il se réfère à une certaine stratégie sociale, celle consistant à accroître artificiellement le nombre des demandeurs d'emploi afin de faire pression sur les salaires. Au point de départ, c'est bel et bien ce qui s'est passé. Je parle des années 60 et 70 du siècle dernier. Ensuite, avec la crise, les choses ont évolué. L'objectif n'est plus tant aujourd'hui de faire pression sur les salaires que de tenir, purement et simplement, la population en respect, de l'empêcher de se révolter. On n'est plus du tout ici dans la métaphore. Et les forces de l'ordre, dit le Collégien: que deviennent-elles dans tout cela? L'armée de réserve du capital ne remplace évidemment pas les forces de l'ordre, dit l'Auteur. Comme son nom l'indique, elle intervient plutôt en appui. Ce sont des supplétifs. On le voit, par exemple, avec la criminalité de masse. La terreur qu'elle inspire est très appréciée des forces de l'ordre. Elle les soulage utilement dans l'accomplissement de certaines de leurs missions. Cela étant, la criminalité de masse a surtout valeur d'avertissement. Les dirigeants font passer par là un message: veillez à ne pas dépasser certaines limites. Et ça marche, dit le Collégien? Bien sûr que ça marche, dit l'Auteur. Regarde autour de toi.







11/06/2011

Le problème

La Vache vient de frapper un grand coup, dit le Cuisinier. Elle voudrait qu'on condamne à un an de prison ferme tout revendeur de drogue pris en flagrant délit. Un an ferme, tu te rends compte? La vache, dit le Collégien. C'est une femme à poigne, dit le Cuisinier. On ne peut pas dire le contraire. Comment lesdits revendeurs ont-ils pris la nouvelle, dit l'Etudiante? Littéralement ils n'en dorment plus, dit le Cuisinier. Certains se demandent même s'ils ne vont pas se recycler dans d'autres activités. C'est très facile de critiquer, dit la Poire. Vous-même, que proposez-vous comme solution? Avant de vous répondre, dit le Cuisinier, je vous corrige sur un point. Vous vous exprimez comme si la Vache voulait résoudre les problèmes. Dans quel monde vivez-vous. La Vache ne veut rien résoudre du tout, comprenez-vous bien? Je vais même plus loin encore.  Elle est elle-même le problème: elle-même et ses congénères (veaux, vaches, moutons, etc.). Je réponds maintenant à votre question.


11/03/2011

D'actualité

Prenons un exemple, dit l'Ethnologue. Vous voyez ce qu'est l'... Certains reprochent  aux dirigeants leur prétendue naïveté en la matière. Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. C'est très injuste comme reproche. Les dirigeants savent au contraire très bien ce qu'ils font. Pour être plus clair encore, ils savent très bien ce qu'est l'...: ce qu'il est, et aussi ce qu'il n'est pas. Ils connaissent très bien les textes: tel texte dit ceci, tel autre cela. Et aussi l'histoire: qu'est-ce qui s'est passé à tel endroit et à tel moment, dans quelles conditions, avec quelles conséquences (en termes, notamment, civilisationnels), etc. Or cela leur plaît bien. Ils n'y voient même que des avantages (pour eux). Je parle ici bien sûr des dirigeants. Les autres, effectivement, ne sont au courant de rien. Ils baignent dans une douce ignorance, ignorance que les dirigeants s'emploient naturellement à entretenir. Ils n'ont pas la moindre idée de ce qui les attend. Mais bon, c'est leur problème. Ils sont majeurs, ils prennent leurs responsabilités.

11/02/2011

Qui fait sens

C'est vrai que la crise les arrange bien, dit le Double. Quelle aubaine! Ils en rêvaient depuis toujours. Et voilà, le rêve se concrétise. D'autres, à une autre époque, aurait parlé de divine surprise. Pour autant cela ne signifie pas qu'ils l'aient intentionnellement programmée. Programmée, je ne dirais pas (au sens strict, au moins). Ils l'instrumentent, ça indiscutablement. Ils profitent de la situation pour faire avaler aux gens toutes sortes de choses qu'ils n'arriveraient pas autrement à leur faire avaler: le démantèlement de l'Etat social par exemple. C'est le schéma de Naomi Klein, La stratégie du choc. Vous avez tous lu ce livre, j'espère. De là à dire qu'ils se seraient un jour réunis en séminaire, à St Moritz par exemple, pour dire: voilà, on va déclencher une crise, j'ai des doutes. C'est évidemment possible, je n'en disconviens pas. Il y a des précédents. Mais je ne pense pas. Il faut resituer les choses dans leur contexte, dit l'Ethnologue. La crise n'est pas un phénomène isolé, il y a tout le reste. Ces phénomènes te sont connus, je ne vais pas en dresser ici la liste. Tous s'éclairent mutuellement. C'est cet ensemble même qui fait sens.