10/15/2023

L'autre partie

Pour l'essentiel, ce que vous dites est juste, dit le Visiteur. Vous citez Clausewitz, l'invasion qui suscite la défense. La défense, dites-vous, est aujourd'hui inexistante. Mais il faut aller plus loin. Vous parlez de la faiblesse de l'Etat, ce dernier ne protégeant plus personne de rien. L'Etat est peut-être faible, mais comme vous le reconnaissez vous-même, pas si faible non plus qu'on pourrait le croire. Vous évoquez les LBD, mais il n'y a pas que les LBD. Tout le monde, aujourd'hui, est fiché, tracé, profilé. On ne peut pas faire un pas sans que l'Etat n'en soit aussitôt informé. Etc. Ce n'est pas particulièrement un signe de faiblesse. Vous savez bien par ailleurs que dans certains domaines les autorités ne laissent rien passer. Pour le dire autrement encore, une chose est la faiblesse, autre chose la faiblesse feinte. Je fais semblant d'être faible, et donc je laisse faire, en veillant juste à ce que personne ne fasse obstacle à ce qu'on laisse faire. Mais ça, y faire obstacle, je peux très bien le faire. Etc. C'est l'autre partie du tableau. Il y a quelques semaines, en ..., une personne a attaqué l'Etat en justice pour lui demander des réparations après la mort d'un proche tué dans un attentat. Beaucoup disent que si l'Etat faisait correctement son travail, il n'y aurait pas d'attentats. Ils ont bien sûr tort, ils ne savent ce qu'ils disent. Et je ne parle même pas du contexte général, celui qui s'est créé au fil des décennies et qui, justement, n'aurait pas pu se créer sans l'aide directe des dirigeants. Ce sont eux, en fait, qui l'ont créé: le sachant et le voulant. Et ça continue, dit l'Avocate.

10/13/2023

Asymétrie

Les gens pensent que tout cela est loin, dit le Double: sauf que le proche et le lointain ont aujourd'hui tendance à se téléscoper. Ils vivent aussi dans le mythe selon lequel les autorités les protégeraient contre toute espèce d'ennemi aussi bien interne qu'externe. Tant qu'ils ne se heurteront pas eux-mêmes à la réalité, ils continueront à le croire. D'une manière générale, on part de l'idée selon laquelle l'Etat serait fort, alors que les groupes armés non étatiques qui le combattent seraient faibles. C'était peut-être le cas autrefois, mais cette époque est révolue. L'asymétrie s'est en fait retournée. Il n'y a que très peu d'Etats aujourd'hui en Europe qui disposent encore d'une armée digne de ce nom. Ils sont aussi préparés à faire la guerre que leurs systèmes de soins et de santé l'étaient, il y a trois ans, à se confronter au Covid-19. Vous oubliez la police, dira-t-on. Oui, il y a la police. Elle est peut-être apte à gazer et/ou éborgner des manifestants pacifiques dans la rue, c'est une chose. Quant à faire échec aux groupes armés en question, c'est une autre affaire. C'est ce qui a fini quand même par apparaître. L'insécurité relève, si l'on veut de la guerre, mais d'une guerre qu'il faut alors considérer comme étant à sens unique, autrement dit pas vraiment de la guerre: au moins si l'on admet, avec Clausewitz, que "la guerre ne commence pas avant que l'invasion ait suscité la défense". Car, en l'espèce, la défense est inexistante. Concrètement, n'importe quoi peut arriver à n'importe qui n'importe quand n'importe où. Le problème a été abordé dans un certain nombre de romans d'anticipation (Jean Rollin, Laurent Obertone, Franck Poupart, etc.). Sauf que la fiction est ici rattrapée par la réalité, certains diront même: dépassée.

10/11/2023

Inimaginable

Tout ce qui vient de se passer là-bas serait bien sûr inimaginable ici, dit l'Ecolière. Vous connaissez les dirigeants. Ils attachent la plus grande importance aux problèmes de sécurité, prennent également très au sérieux leur mission de protection de la population. De toutes les manières, on est dans deux mondes diférents. Ne me dites quand même pas que le 93 aurait certains points communs avec la ... de ... Ce ne sont pas les mêmes populations. Elles fonctionnent également tout autrement. On l'a bien vu en juin dernier quand elles ont fait irruption dans les centres-villes en pillant et vandalisant les commerces et les écoles. Parler de haine à leur propos serait très excessif. Quelle haine, au nom du ciel? On ne voit d'ailleurs pas pourquoi ils nous haïraient. Ces gens ne nous veulent que du bien. On entend souvent dire qu'ils possèdent des armes en grand nombre, armes dissimulées dans des caves ou des appartements, en prévision du jour J. On peut tout imaginer. Moi, je n'imagine rien. Je regarde le rapport de forces. En ..., nul ne doute de la supériorité de l'armée ... sur l'ensemble de ses ennemis. Mais qu'est-ce que l'armée ... à côté de notre propre armée à nous (il est vrai squelettique, mais quelle importance)? Sans compter la Dégéèci, qui nous suit en permanence sur Internet. Et bien sûr aussi la Bake. Non, vraiment, je ne vois aucune raison particulière de s'alarmer. Penser un seul instant que Paris pourrait être le théâtre de scènes comparables à celles qui se sont déroulées là-bas n'est guère raisonnable. Je parle de Paris, parce que Paris est à côté du 93. Mais quantité d'autres endroits pourraient être mentionnés. Je ne vais pas ici tous les citer.

10/04/2023

Contrepartie

Quand on voit ce qui se passe (dans les prétoires, mais pas seulement), on ne peut que souhaiter la victoire de ..., dit le Nourrisson. Et le plus vite sera le mieux. Elle ne résoudrait rien, dit l'Avocate. Ils vont sans doute perdre cette guerre, effectivement c'est ce qu'on peut prévoir. En fait, ils l'ont déjà perdue. L'intendance, tout simplement, ne suit plus. Pour autant, il n'y a pas grand chose à en attendre, au moins au plan interne. Au contraire même, plutôt. Car, comme souvent dans ces cas-là, ils se retourneront contre leurs propres populations. Ils se vengeront sur elles de leurs déboires à l'extérieur. De nouvelles lois anti-haine seront votées, ils décréteront l'état de siège, etc. A ce moment-là, crois-moi bien, les procès pour l'exemple appartiendront déjà au passé. Quand ce général-président dit qu'il veut ouvrir des camps d'internement pour les ressortissants russes vivant en Europe (on en parlait ici même il y a quelques semaines), ce ne sont pas des paroles en l'air. De tels plans existent déjà, avec les ressortissants russes en ligne de mire, d'une part, mais pas seulement. Sauf que, pour l'instant encore, ils ne se sont pas concrétisés. Ils dorment dans les tiroirs. En tout état de cause, ils le disent eux-mêmes: le "Woke", c'est encore insuffisant. Ils veulent aller plus loin encore. Et c'est ce qui va se passer. En règle générale, les dictateurs annoncent à l'avance ce qu'ils vont faire.

10/03/2023

Globalisation

Ici même, comme tu le sais, ils contrôlent plus ou moins tout, dit l'Avocate : médias, justice, partis politiques, etc. Au moindre écart, ils déboulent en force, toutes sirènes hurlantes. Sauf qu'à l'ère de la globalisation, tu ne peux pas te limiter à ça: tout contrôler ici même. Ici même, c'est insuffisant: il te faut tout contrôler ailleurs aussi. C'est plus difficile. Personnellement, comme tu le sais, je ne suis pas particulièrement adepte de la globalisation. Mais je reconnais que dans le cas présent elle a plutôt rendu service. Pouvaient-ils seulement imaginer, ces apparatchiks, qu'à dix mille kilomètres de là, quelqu'un prêterait la moindre attention à leur pseudo-procès pour l'exemple ? Et pas n'importe qui. Ils l'ont donc pris en pleine figure. Quant aux exécutants eux-mêmes, ils se retrouvent aujourd'hui tout nus. Ils pensaient que cela passerait comme une lettre à la poste, que, comme d'habitude, tout le monde s'écraserait piteusement, etc. Or ce calcul s'est révélé faux. On pourrait ici reprendre la métaphore stendhalienne du coup de pistolet dans une salle de concert. En lieu et place du beau concert unanimiste auquel ils s'attendaient, quelqu'un a tiré un coup de pistolet. La salle a donc été évacuée. Bien sûr aussi la police secrète d'Etat a ouvert une enquête.