5/22/2011

Plus compliqué

Comment voyez-vous les choses, dit le Journaliste? Tout le monde le sait, les Etats-Unis vivent aujourd'hui au-dessus de leurs moyens, dit le Colonel. Les caisses sont vides, leur monnaie ne vaut pour ainsi dire plus rien. Qu'est-ce que vous faites dans ces cas-là? C'est très risqué, dit le Journaliste. Vous voyez bien que non, dit le Colonel. Soit, dit le Journaliste. Et après? A chaque jour suffit sa peine, dit le Colonel. Mais encore, dit le Journaliste? Vous avez la banque mondiale, la banque centrale européenne, d'autres institutions encore de ce genre, dit le Colonel. Que voulez-vous de plus? Vous ne mentionnez pas la  banque centrale chinoise, dit le Journaliste. Là, je le reconnais, ce serait plus compliqué, dit le Colonel.

5/21/2011

Quelle idée

Aussi, quelle idée de descendre en de tels endroits*, dit l'Auditrice. Même en Europe, j'hésiterais à le faire. Autant, directement, louer une suite à Langley**. A force de vivre comme ils vivent, ils finissent par perdre le sens des réalités, dit l'Avocate. Ils n'imaginent pas que de telles choses puissent leur arriver. Cela ne leur traverse même pas l'esprit. Renversons les termes du problème, dit le Double: l'agent provocateur, peut-être, c'était lui: non pas elle, comme beaucoup le pensent, mais lui. Ce n'est pas la ... qui voulait le piéger, mais bien l'inverse: lui qui voulait piéger la ... Parfois, comme tu le vois, ça marche. Arrête, dit l'Etudiante: tu portes atteinte à la démocratie.

* Un hôtel 4 étoiles à New York.
** Banlieue de Washington. La CIA y a installé son quartier général.

5/19/2011

Inopinément

On pense aux années 48-49, dit l'Ethnologue: le procès Rajk, d'autres choses encore de ce genre. On en est revenu à cette époque. Des membres de la caste au pouvoir passent inopinément à la trappe, victimes de règlements de compte internes. 48 heures s'écoulent, et on les voit alors réapparaître, hâves et défaits, encadrés par des membres des services de sécurité (les fameux "organes"). Ces scènes nous sont familières, elles traînent dans tous les livres d'histoire. Les costumes eux-mêmes n'ont pas beaucoup changé: chapeaux mous, gabardines, etc. Seule différence, on n'accuse plus aujourd'hui les gens d'espionnage ou de trahison. C'est passé de mode. Les crimes sexuels ont pris le relais. Viennent alors les journalistes qui se demandent, avec une gravité feinte, si c'est vrai ou faux. Justement, dit le Collégien: c'est peut-être vrai? Je vais te dire, dit l'Ethnologue: ça n'a aucune espèce d'importance.

5/18/2011

Se promener

On peut très bien aller se promener aux Etats-Unis, dit l'Auditrice, ce n'est pas en soi un problème. Mais tu sais les risques que tu prends*. C'est-à-dire, dit le Collégien? Aujourd'hui même, sur France Info, un étudiant a raconté sa propre histoire, dit l'Auditrice. C'était il y a sept ans, l'étudiant se rendait comme touriste aux Etats-Unis. Pour une simple plaisanterie dans l'avion, une dizaine de flics l'attendaient à l'aéroport. Ils lui ont tout de suite passé les menottes, avant de l'embarquer. Ce n'est que quinze jours plus tard, non sans mal d'ailleurs, qu'il a pu retrouver la liberté. Il a aussi dit à quoi ressemblait une prison américaine. Vous qui entrez ici, perdez tout espoir. Les Etats-Unis sont quand même un Etat de droit, dit la Poire. Il y a des juges, des procureurs, etc. Demandez un peu à Polanski ce qu'il en pense, dit l'Auditrice: je veux dire, des juges, des procureurs américains. Tout le monde, aujourd'hui, se focalise sur Guantanamo, dit l'Avocate. Guantanamo, en fait, n'est que la pointe émergée de l'iceberg. Il y a tout le reste.

* Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du Fonds monétaire international, est arrêté à New York, au motif qu'il se serait  rendu coupable d'une agression sexuelle.