Lorsqu'on les entend dire qu'ils combattent le ..., on ne peut bien sûr s'empêcher de sourire, dit le Double. Faut-il en effet rappeler la place qu'occupe (et a d'ailleurs toujours occupée) le ... dans leur propre stratégie à eux: autrefois en Afghanistan, au Caucase, dans l'ex-Yougoslavie, en Amérique latine, etc., aujourd'hui même au Sahel et au Moyen-Orient, certains vont même jusqu'à dire dans les banlieues françaises? On leur reconnaît même une certaine expertise en la matière. Leur prétendue guerre contre le ... doit donc être prise pour ce qu'elle est: un simple écran de fumée. Elle leur sert de prétexte pour faire à moindres frais ce qu'il leur serait autrement beaucoup plus difficile de faire: Prism, par exemple. Tout ce que tu dis est exact, dit le Colonel. Pour autant je ne dirais pas qu'ils ne font qu'instrumentaliser le ... C'est plus compliqué. Ils l'instrumentalisent, certes, mais ce qu'il faut comprendre également, c'est qu'eux-mêmes ont pleinement conscience de leur propre vulnérabilité dans ce domaine. Car, vulnérables, ils le sont. Ils sont même
très vulnérables. Si l'on faisait le compte de toutes les personnes qui pourraient être tentées aujourd'hui de recourir au ..., ne serait-ce qu'au titre de la légitime défense, pour ne rien dire du droit de résistance, la liste serait particulièrement longue. Les passages à l'acte ne sont d'ailleurs pas rares*. Plusieurs auteurs de fictions** (et même de films***) ont abordé le sujet. Bref, il faudrait peut-être aussi regarder dans cette direction. La peur a été la grande passion de ma vie, disait Hobbes. Certaines peurs sont feintes, un certain nombre d'autres, en revanche, bien réelles, voire justifiées. A leur place aussi, peut-être, j'aurais peur.
* Voir p. ex. Theodore Kaczinski,
Unabomber, Xenia, 2008.
**Voir p. ex. Michael Crichton,
Etat d'urgence, Pocket, 2007.
*** Voir p. ex. Kelly Reichardt,
Night Moves, qui sortira au printemps 2014 (
Le Monde, 22 octobre 2013).