C'est un geste inaugural, dit l'Auteur*. C'est ainsi au moins que je l'interprète. Et lui-même, semble-t-il, l'a conçu et voulu ainsi. Geste non pas de désespoir (comme, de prime abord, on inclinerait à le croire), mais bien d'espoir. On retiendra aussi l'endroit choisi: à la croisée même de la verticale et de l'horizontale, de la transcendance et de l'immanence. Là même où refleurit la rose, au cœur de ce qui la nie. C'est ce que signifie son acte. Il est trop tôt encore pour en mesurer l'onde de choc. Mais la charge symbolique en est puissante. Elle entre en résonance avec beaucoup de choses en nous (tant inconscientes que conscientes). Le sang des martyrs est la semence des chrétiens, disait Tertullien. En l'occurrence, évidemment, il faudrait changer la formule. Mais le sens profond subsiste. Et son dernier texte: en lequel, entre autres, il désigne l'ennemi. C'est "sans précédent", aurait dit le ministre de l'Intérieur. Il a complètement raison. Sans précédent.
* Dominique Venner s'est suicidé le mardi 21 mai 2013 en la cathédrale Notre-Dame de Paris, près de l'autel. Historien et écrivain, il dirigeait la Nouvelle Revue d'Histoire.