Il y a ce que je viens de dire, mais aussi le fait qu'en France les idéologies jouent un rôle hors du commun, dit l'Ethnologue. Tous les pays ont leurs idéologues, on est bien d'accord. Sauf qu'en France, en quelque sorte, ils font partie de la culture nationale. Ils ont leur place réservée et numérotée (dans les médias, l'Université, les cabinets ministériels, etc.). Et cela ne date pas d'hier. Il y a une cinquantaine d'années, on avait les apologistes du stalinisme, du maoïsme, du castrisme, etc. Tous ont disparu corps et biens, sans laisser la moindre trace. Une vraie tragédie. Mais d'autres idéologies, entre-temps, ont pris le relais: celle du genre, par exemple. Le genre n'est pas né en France, c'est une idéologie américaine, mais ce n'en est pas moins en France qu'il a trouvé son public, en tout état de cause qu'on en parle le plus, qu'il est le plus pris au sérieux, etc. Le genre s'enseigne aujourd'hui, en France, comme autrefois le diamat dans les pays de l'ancien bloc de l'Est. C'est devenu un dogme. Et leurs déclarations: ce dignitaire, par exemple, associant le rejet du mariage pour tous à celui de la démocratie (il est bien placé pour en parler). C'est très spécifique à la France. L'après-démocratie se duplique ici dans les mots même qui l'habillent, certains diront peut-être l'enjolivent. En tout état de cause, elle gagne en visibilité.