4/08/2014

Douleur

J'étais dimanche dernier à l'Abbatiale de …, pour y entendre une Passion de Bach, dit l'Auditrice. Public clairsemé et surtout âgé: 60 ans et plus. Aucune famille, aucun ado. Les billets étaient à 40 euros. Ceci explique peut-être cela. En 2013, je suis allée faire un tour au festival de … Les places les moins chères étaient à 80 euros, les plus chères à 160. Qui peut encore se payer des places à ces prix-là? Quelques rentiers-retraités célibataires, et encore. On est en régime néolibéral, dit l'Ethnologue. Jusqu'à il y a une vingtaine d'années, l'Etat subventionnait très largement encore la culture. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le principe, désormais, qui prévaut est celui de l'auditeur (respectivement spectateur)-payeur. A quoi s'ajoute le fait qu'une part croissante de l'argent prétendument dévolu à la culture va désormais aux "associations" (pour acheter la paix civile), ou encore à l'industrie du bruit. La ville de Dope-City vient ainsi d'allouer une nouvelle subvention aux adeptes de telles nuisances (alors même, déjà, qu'elle ploie sous le poids d'une dette qui va croissant d'année en année et la fera bientôt mettre sous tutelle). Paix civile ou pas, c'est toute une culture, en fait, qui est en train de disparaître, dit l'Auditrice: la nôtre. La douleur qu'en éprouvent les dirigeants dépasse tout ce qu'on peut imaginer, dit l'Ethnologue.