On peut faire des parallèles, dit le Colonel. La situation présente n'est pas sans rappeler la crise américano-soviétique de 1962, lorsque les Soviétiques installèrent des bases de missiles à Cuba, juste en face des côtes américaines. C'est, peu ou prou, la même situation, mais à l'envers. L'Ukraine, en effet, est à la Russie ce que Cuba est aux Etats-Unis. "We have invested 5 billion dollars to help Ukraine to achieve these and other goals", dit Victoria Nuland*. Nous lisons bien: "And other goals". Si les Américains répètent en Ukraine ce qu'ils ont récemment fait dans d'autres pays de la région (Pologne, etc.), ils ne devraient pas tarder à y installer des bases de missiles. En 1962, la guerre fut évitée, mais de justesse. Les Soviétiques démantelèrent leurs bases litigieuses, les missiles furent ré-embarqués. Ni Kennedy, ni Khrouchtchev, les deux protagonistes de l'époque, ne voulaient, en fait, la guerre. Aujourd'hui, le contexte est différent. Des manoeuvres militaires de l'OTAN sur plusieurs jours viennent de débuter en Pologne et dans les pays baltes, c'est la chaîne allemande ARD qui l'annonce**. Le territoire russe de Transnistrie, enclavé entre la Moldavie et l'Ukraine, est par ailleurs soumis à un blocus. Ici ce n'est plus à 1962 que l'on pense mais à 1914: la politique de la corde raide***. On va voir maintenant la suite. Comme toutes les puissances déclinantes, les Etats-Unis aiment jouer avec le feu.
* Le 13 décembre 2013. Sur ce personnage, voir "A l'agonie", 4 mars 2014.
** 1er avril 2014.
*** Voir Margaret MacMillan, Vers la Grande Guerre: Comment l'Europe a renoncé à la paix, Autrement, 2013.