4/20/2020

Société totale

Ce qui se passe aujourd'hui est d'une bien plus grande importance que le 11 septembre, dit l'Avocate. Sauf que c'est le même paradigme. Les lois antiterroristes avaient pour but la création d'un Etat total. En grande partie, c'est maintenant chose faite. Mais les dirigeants n'entendent pas en rester là. Ils veulent aller plus loin encore. L'Etat total c'est bien. Mais au-delà de l'Etat total, il y a la société totale. Une définition possible de l'Etat total est de dire qu'il donne tous les pouvoirs à la police. La police fait ce que bon lui semble, elle fonctionne en roue libre. Voilà l'Etat total. La société totale, c'est autre chose encore. L'objectif, en l'espèce, est une refonte complète du mode et des habitudes de vie. L'actuelle pandémie en offre l'opportunité. On profite du choc ainsi créé (une divine surprise) pour avancer un peu plus encore dans la voie de l'Etat total, mais surtout pour jeter les bases de la société totale. Des pans entiers de l'économie sont d'ores et déjà passés à la trappe (en certains pays, jusqu'à 50-60 % des PME). On crée ainsi les conditions de possibilité idéales d'une nouvelle société: la société totale, justement. Ubérisation du travail, télémédecine, école numérique, "homme augmenté", certificat de santé, confinement-déconfinement, application de tracking, euthanasie, revenu unique de base: telles en sont les caractéristiques. Avec cette pandémie, les gens se voient par ailleurs condamnés à l'isolement. On pourrait ici citer Aristote et ce qu'il dit de la tyrannie. Pour le tyran, explique-t-il, rien n'importe tant que de séparer les individus les uns des autres. Ils ne doivent pas se parler ni avoir de contacts entre eux. Grâce à la pandémie, cela cesse d'être un souci.

(1) Voir "Aller et venir", 21 mars 2020.