6/01/2019

Bruits de fond

Regarde un peu, dit l'Ecolière. Ils l'ont condamné à 5'000 euros d'amende avec sursis pour avoir dit: "Tuez les ...". Je ne sais pas ce que tu en penses, mais c'est quand même beaucoup, 5'000 euros (avec sursis, il est vrai). Les dirigeants entendent faire place nette, dit l'Ethnologue. On ne saurait donc leur reprocher leur attitude. Elle est très cohérente. Y aura-t-il un jour passage à l'acte, dit l'Ecolière? Prends l'exemple de l'euthanasie, dit l'Ethnologue. Tu n'entendras bien sûr jamais parler d'euthanasie, le mot est tabouisé. "Ecologie sociale", c'est déjà mieux. En attendant ils s'interrogent: A quoi bon, par exemple, soigner les gens après soixante-dix ans? A plus forte raison encore les opérer? Ils pèsent le pour et le contre. Tu ne réponds pas vraiment, dit l'Ecolière. Ce sont des bruits de fond, dit l'Ethnologue. Il faut toujours être attentif aux bruits de fond. On pourrait aussi parler de signes avant-coureurs. Pour le reste, Spinoza a raison. Tant que tu ne te heurtes à aucun obstacle, tu vas de l'avant. Tu vas aussi loin que possible dans la direction choisie. Eux-mêmes ne se sont jamais jusqu'ici heurtés au moindre obstacle. Ils vont donc de l'avant (pour l'instant encore, en paroles surtout). Ils n'ont aucune raison de s'arrêter. Je n'arrive pas à imaginer que les gens ne se rendent pas compte, même confusément, de ce qui précède, dit l'Ecolière. Ils s'en rendent très bien compte, dit l'Ethnologue. Mais les dirigeants leur disent: vous devez tout accepter. Ils acceptent donc tout. Et disent même merci. Pour qu'ils adoptent une attitude différente, il faudrait qu'ils désapprennent à obéir.