5/20/2019

Non-citoyens soldats

Comment interpréter ce vote (1), dit l'Ecolière? Le modèle suisse a longtemps été celui du citoyen soldat, dit l'Ethnologue. Comme tu le vois, ce modèle, aujourd'hui, a vécu. Quand deux tiers des votants adhèrent à un programme officiel de désarmement de la population, on ne peut plus sérieusement parler de citoyens soldats. Il y a éclatement du concept. C'est ce que souhaitaient les dirigeants. Cela étant, il y a plus d'une manière possible d'être soldat. Le citoyen soldat en est une, mais non la seule. Une autre est le non-citoyen soldat. Beaucoup de gens, aujourd'hui, se considèrent comme non-citoyens. Cela ne les intéresse pas d'être citoyens. Citoyens de quoi, d'ailleurs? De l'Etat total, peut-être? Ils préfèrent donc se dire non-citoyens. En règle générale, quand on est non-citoyen, on est en même temps non-soldat. On est non-citoyen non-soldat. Mais il y a des exceptions. Certains sont non-citoyens, mais en même temps soldats: non-citoyens soldats, donc. Tout comme le citoyen soldat, le non-citoyen soldat exerce une fonction militaire. Mais à la différence du citoyen soldat, il ne s'occupe pas des lois ou des institutions. Il ne tient pas non plus compte de ce que disent les autorités. La guerre est de sa responsabilité propre. C'est lui, en particulier, qui désigne l'ennemi. Il a également ses propres réseaux. Etc. Bref, la vie continue. C'est un modèle alternatif, il prend le relais du précédent. Il n'est pas sûr que les dirigeants gagnent au change.

(1) "Menacés d'exclusion de Schengen, les Suisses votent le durcissement de leur loi sur les armes à feu" (RT France, 19 mai 2019).