4/04/2019

Envertueuser

Nous avons parlé l'autre jour de l'idéologie (1), dit l'Avocate. Passons maintenant à la terreur. C'est l'autre composante, on l'a dit, du totalitarisme. Soit ce prof secondaire que son administration vient de suspendre pour une simple remarque, on ne sait trop d'ailleurs laquelle, à deux de ses élèves, remarque qu'elles auraient jugée "sexiste". Le crime verbal, ce crime absolu, dit un personnage des dieux ont soif, le roman d'Anatole France (2). On est en 1793. En principe, on prend la peine d'entendre les gens avant de les sanctionner. C'est ce qu'on appelle l'Etat de droit. Là, apparemment, non (3). L'Etat de droit, je m'assois dessus. Au passage, on relèvera que sycophante est un mot masculin (Le Nouveau Petit Robert, 2010). On pourrait penser peut-être à le féminiser. C'est juste une suggestion. Elargissons maintenant la perspective. Il y a deux ans, le ministre concerné, une bobo globalisée, avait déclaré: "Il faut inscrire l'école dans la modernité (...) Des études soulignent que (...) les enfants que nous formons changeront de métier plusieurs fois au cours de leur carrière" (4). Voilà donc une responsable politique, "de gauche" comme il se doit, qui trouve tout à fait normal qu'on soit amené à changer plusieurs fois de métier au cours de la vie. Pas seulement d'emploi, notez-le bien, mais de métier. Dame, le marché a ses exigences. Ne me dites quand même pas que vous êtes contre le marché. Le marché, j'en suis. J'en vis, même, si vous voulez savoir. Si en plus il contribue, par l'instrumentation un peu biaisée qu'en font certains, à envertueuser les populations, qui s'en plaindrait?

(1) Voir "Prémisses", 9 avril 2019.
(2) Folio, 2017, p. 166.
(3) Radio suisse (Lausanne), 14 avril 2019, vers midi.
(4) "Préparer l'école aux défis de demain", 6 avril 2017.