4/23/2019

Grèves

C'est le sujet aujourd'hui à la mode, dit l'Avocate. On ne discute ici que de ça. Enfin, "discute" est peut-être un grand mot. On est plutôt dans l'invective, leur registre habituel. Je parle de la prochaine "grève des femmes". La raison d'être de telles campagnes est assez claire. Elles permettent aux dirigeants de faire oublier les difficultés objectives auxquelles l'ensemble des sociétaires (hommes et femmes) se trouvent aujourd'hui confrontés: précarité, raréfaction du travail, mobilité forcée, stress, hyperconcurrence, baisse généralisée du niveau de vie, multiplication des Bullshit Jobs, etc. C'est ce qu'on appelle faire diversion. Des grèves comme ça, les dirigeants sont tout à fait pour. Leur seul regret, qu'elles ne durent que vingt-quatre heures. Elles devraient être illimitées. Oui, je sais, les discriminations sont un sujet grave, on ne saurait faire comme si elles n'existaient pas. Il se trouve par exemple que, dans ce pays, les hommes sont astreints au service militaire et non les femmes. C'est un avantage compétitif non négligeable pour les femmes, en particulier les femmes universitaires, qui disposent ainsi de sensiblement plus de temps que les hommes pour fignoler leurs études, et ensuite booster leur sacro-sainte carrière professionnelle, etc. On pourrait peut-être le supprimer. Chacun sait également que les femmes peuvent partir plus vite à la retraite que les hommes, alors même que leur espérance de vie est très largement supérieure à celle des hommes. A partir de là, qu'il n'y ait que 30 % de femmes dans les conseils d'administration, moi, personnellement, je m'en fiche.