Certains disent que face à des manifestants de plus en plus violents, les policiers n'ont d'autre choix que d'élever le niveau de leur propre violence, dit le Double. Admettons que les manifestants se montrent aujourd'hui de plus en plus violents. Je n'en sais rien. A partir de là, il faut s'interroger sur les raisons. La moindre, assurément, n'est pas la violence policière elle-même: l'an dernier, par exemple, quand la police s'en était prise à des familles avec enfants en les arrosant de gaz toxiques. Un grand nombre de personnes avaient également subi des sévices: coups et blessures volontaires, passages à tabac en règle, etc. Des procédures sont d'ailleurs toujours en cours à ce sujet. Hier, les gaz toxiques, aujourd'hui les grenades offensives*, demain, peut-être, l'aviation de bombardement: bref, les gens regardent, en tirent ensuite certaines conséquences. On ne saurait leur en faire le reproche. Cela relève de la légitime défense**. Vous rendez-vous compte, dit la Poire: si tout le monde raisonnait comme ça. Les gens ne raisonnent pas, dit l'Ethnologue: ça se fait tout seul. Relisez Clausewitz: "La guerre est un acte de violence et il n'y a pas de limite à la manifestation de cette violence. Chacun fait la loi de l'autre, d'où résulte une action réciproque qui, en tant que concept, doit aller aux extrêmes"***.
* Lors d'une manifestation contre la construction contestée d'un barrage hydraulique, le 25 octobre 2014. Un manifestant a été tué.
** Voir "En élargir le concept", 11 août 2013.
*** De la Guerre, I, 1, § 3.