Les Suisses viennent d'annuler une visite que devait leur faire le président du Parlement russe, dit le Collégien. Elle est belle, leur neutralité. La neutralité suisse est un mythe, dit le Colonel. On dit que la Suisse n'appartient pas à l'OTAN, or c'est inexact. En 1996, la Suisse a adhéré au Partenariat pour la paix de l'OTAN (PPP), une des branches importantes de l'OTAN (sa branche policière). Elle a donc un pied au moins dans l'OTAN: en réalité, je pense, les deux. Des responsables suisses participent régulièrement à des "réunions de travail" au quartier général de l'OTAN à Mons, en Belgique; ils effectuent des "stages de formation" aux Etats-Unis, etc. Si tu veux, je te fais un dessin. La collaboration avec les Américains est particulièrement étroite en matière d'espionnage électronique. Il y a une dizaine d'années déjà, Duncan Campbell décrivait la Suisse comme un "partenaire minoritaire" des Américains dans ce domaine*. Autrement dit, les Américains sous-traitaient aux Suisses un certains nombre de tâches dans le cadre de leur programme mondial de collecte généralisée et illégale de données personnelles. Or, nul ne l'ignore, ce programme, entre-temps, s'est encore intensifié. En Suisse comme ailleurs, la police secrète suit les gens sur Internet, intercepte leurs conversations téléphoniques, etc. Si tu penses sérieusement que les données ainsi collectées, en particulier celles concernant les citoyens suisses, ne sont pas transmises immédiatement et en temps réel aux Américains, je n'essayerai pas de te convaincre du contraire**.
* Cité par 24 Heures (Lausanne), 7 février 2001. Duncan Campbell a révélé à la fin des années 80 l'existence du réseau d'écoute international Echelon.
** Voir "Scrupuleusement", 29 novembre 2013.