5/02/2014

Qualités

Il est très tentant de s'enfermer dans le tout ou rien, dit le Sceptique. On le voit par exemple en amour. Dans un premier temps, c'est l'extase, l'autre passe pour être le résumé même de tout ce qu'il y a de bien  sur terre. Puis c'est la désillusion, les gens se rendent compte que ce qu'ils imaginaient être la réalité n'est en fait que le produit de leurs fantasmes, de pures et simples projections, etc. Et donc ils décristallisent. Mais pas seulement. Beaucoup passent à l'extrême opposé, l'autre n'étant plus désormais, à les en croire, qu'un(e) sombre crétin(e), la pire des crapules, etc. On voit ça constamment, c'est très répétitif. Dans le meilleur des cas, l'amour se change en indifférence. On croise l'autre, mais sans seulement lui prêter attention, comme s'il n'existait pas. C'est très bien décrit dans Proust. On ne devrait pas être comme ça. Ce n'est pas parce que les gens ne ressemblent en rien à l'idée super-céleste qu'on s'en fait parfois qu'il faudrait, une fois surmonté le choc de la désillusion (inévitable), s'en désintéresser complètement, couper les ponts, etc. Ce serait dommage. Ces personnes n'ont peut-être pas toutes les qualités que nous leur prêtions, mais en ont peut-être d'autres que nous ne soupçonnions pas. A nous de les découvrir en continuant quand même à les voir, à les fréquenter, etc. Cela, certes, se fait en dehors des liens de l'amour, mais ce n'est pas plus mal. On est au moins là sur un terrain solide, celui de la réalité.