11/16/2007

Le b.a.-ba

Il y a un texte de saint Paul que j'aime bien, dit l'Avocate: "Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien". C'est dans l'Epître aux Romains, chapitre 12, verset 21. C'est magnifique comme texte. Tout le chapitre, d'ailleurs, est à lire. J'aimerais bien, un jour, prêcher là-dessus. Comment l'interpréter, demanda le Collégien? En voici une traduction, dit l'Avocate: s'occuper des pauvres, développer l'instruction publique, combattre la drogue et l'alcoolisme, décourager l'endettement, en tout état de cause ne pas donner soi-même le mauvais exemple dans ce domaine, favoriser l'intégration et autant que possible l'assimilation des étrangers en situation régulière, etc. Si je devais écrire un catéchisme, je commencerais par là. C'est le b.a.-ba. Et quand, malgré tout, le mal ne se laisse pas vaincre par le bien, dit le Collégien? C'est être très naïf que de croire qu'on combat la criminalité en envoyant les criminels en prison, dit l'Avocate. En les y envoyant on ne fait au contraire qu'amplifier encore le phénomène, que l'amplifier et le nourrir. Autant que possible, on devrait s'abstenir d'envoyer les gens en prison. En France, à l'heure actuelle, on compte 65'000 détenus pour 50'000 places. Imagine un peu les conséquences. La prison est un des lieux les plus criminogènes qui soit. Elle a également un effet désintégrateur. Elle est destructrice de l'homme. Personne ne sort indemne d'une telle expérience. Quelle alternative alors, demanda le Collégien? Il y a toutes sortes d'alternatives à la prison, dit l'Avocate. Ce n'est pas ça qui manque. Ce qui manque, c'est une volonté politique. Une certaine transformation des mentalités, aussi. Et pour les autres, dit le Collégien: ceux qu'on enverrait quand même derrière les barreaux? S'occuper de leur réinsertion, dit l'Avocate. Ce devrait être une priorité publique, la priorité des priorités. Y consacrer beaucoup et même un maximum d'argent. A l'heure actuelle, en France, on ne compte qu'un travailleur social pour cent détenus (Philippe Zoummeroff, La Prison, ça n'arrive pas qu'aux autres, Albin Michel, 2006, p. 167). Oui, un sur cent. Et ils prétendent combattre la criminalité.