11/17/2007

Quelle perte

Ouf, dit l'Auditrice, les élections sont maintenant passées. Et donc la réalité reprend ses droits. Hier, par exemple, à l'Emission, l'Apparatchik est venu parler de son nouveau projet de financement public des partis politiques. Les partis, a-t-il précisé, sont l'articulation même de la démocratie. Il importe donc de leur donner les moyens de fonctionner. Ils fonctionnent très bien sans ça, dit le Philosophe: caisses noires, marchés truqués, abus de biens sociaux, subventions occultes, etc. Pourquoi en plus un financement public? Ce ne serait pas en plus mais à la place, dit l'Auditrice. A la place, je n'y crois pas trop, dit le Philosophe. Arrête, dit l'Etudiante, tu portes atteinte à la démocratie. Autre exemple, dit l'Auditrice: ils ont organisé l'autre jour un débat sur leurs salaires, les leurs propres et ceux de leurs copains-copines. Il y avait là la Bateleuse, l'Epouse, et un troisième dont je n'ai pas bien retenu le nom, Après-moi-le-déluge, je crois. Tous ont reconnu que la situation actuelle était critique. 200 ou 300'000 euros par an, l'équivalent de six ou sept fois le salaire moyen, compte tenu des lourdes responsabilités qui sont leurs (vous n'imaginez pas), c'est tout à fait insuffisant. Pense aussi à ce qui se passe en cas de non-réélection, ces êtres d'élite, dévoués au bien commun, qui se retrouvent du jour au lendemain à la rue, après n'être restés que quatre ou cinq ans en fonction. Aux drames humains, effroyables, qui en résultent. Excuse-moi de t'interrompre, dit le Philosophe. J'espère qu'ils auront eu une pensée au moins pour Igrèke. On en parlait ici-même, en août 2006, avec la Députée*. Son sort est particulièrement tragique. Non, dit l'Auditrice, il n'en a pas été question. Bref, ont-ils conclu, un sérieux effort s'impose dans ce domaine. On s'exposerait autrement au risque non négligeable de voir de tels postes perdre de leur attractivité. La Cheffe, par exemple pourrait être tentée d'aller voir ailleurs. Quelle perte.

* Voir "Hauts salaires", 18 août 2006.