8/27/2020

Où est la limite

Cela se passe à ..., dit l'Avocate: pas très loin d'ici autrement dit. Une milice citoyenne s'est créée pour combattre les voyous et les criminels, ceux en particulier qui infestent les rues du centre-ville. Tu me diras qu'un tel travail incombe normalement à la police. Mais la police est débordée. Elle ne peut pas être partout, n'est-ce pas. Elle fait son possible, vous savez. Et donc, très légitimement, des personnes privées ont décidé de prendre elles-mêmes les choses les mains. Je dis très légitimement, car à partir du moment où l'Etat n'assure plus la protection des citoyens, ceux-ci sont légitimés à se protéger eux-mêmes. Cela relève du droit naturel. Le Guignol, évidemment, s'en indigne. "Je ne tolérerai pas ceci", a-t-il déclaré à la radio (25/8). Il tolère beaucoup de choses, mais cela, non: il ne le tolère pas. C'est drôle ce que tu racontes, dit l'Ethnologue. On pourrait faire le parallèle avec ce qui s'était passé en 2008: toujours à ..., comme il se doit. On parlait beaucoup à l'époque des pédophiles, c'était à la mode. Des chasses à l'homme étaient organisées sur l'Internet, on n'y allait pas par quatre chemins. Un homme accusé à tort s'était suicidé. Etc. Interpellé à ce sujet, non pas le Guignol mais un de ses prédécesseurs (il s'appelait aussi le Guignol) avait dit: "Où est la limite entre mobilisation citoyenne et chasse à l'homme?". Intéressant, non? On aurait pu lui demander des comptes, si l'on était dans un Etat de droit c'est ce qui se serait passé. Mais cela ne s'est pas passé. Et donc, dit le Nourrisson? Cela te montre comment fonctionnent aujourd'hui les autorités, dit l'Avocate: partant aussi ce que tu peux en attendre.