8/10/2020

Ni le reste

C'était hier dans le RER, dit le Nourrisson. Un petit chéri monte à bord, tout de suite il installe sa musique. En plus il la met très fort. Un voyageur lui fait une remarque, il la met un peu plus fort encore. Il pose ses jolis pieds sur la banquette en face, et alors? Evidemment, comme tout le monde, il a acheté son billet. Le petit chéri maintenant se lève, il est arrivé à destination. Je sais que ce que je vais dire est nauséabond, mais je ne trouve pas cela normal. Personne ne trouve cela normal, dit l'Ecolière. Ni cela ni le reste. Mais les gens ont peur des autorités, et donc, très logiquement, la bouclent. La peur des autorités joue certainement son rôle, dit l'Avocate. Pour autant cela n'épuise pas le problème. Autre chose encore entre en ligne de compte: le sens de l'histoire. Ne me regarde pas comme ça. Tout le monde sait vers quoi l'on va dans ce domaine, c'est même écrit en gros, très gros caractères. On peut tout à fait être à contre-courant, ce n'est pas en soi un problème. Mais comme le relève Ernst Jünger dans une page de son Journal, cela alourdit les efforts personnels, rend plus difficile de prendre appui sur l'élément moral et engendre une atmosphère de désespoir. Ce sont ses propres mots. Et donc les gens hésitent. Retiens en particulier ce qu'il dit de l'élément moral. La morale est bien sûr de ton côté, tu peux t'appuyer dessus. Mais il est plus difficile de le faire quand tu as contre toi les médias officiels, les sectes idéologiques, les sociétés de pensée subventionnées, etc. : plus difficile, en tout cas, que quand on est délivré de ce poids. On peut le faire, beaucoup, très courageusement, le font. Mais ce n'est pas si simple.