12/27/2018

Mieux à faire

On est comme pris en tenailles, dit l'Ecolière. Ce n'est jamais très agréable d'être pris en tenailles. Nous avons deux ennemis prioritaires, dit le Colonel. Pas un mais deux. Mais l'un est plus prioritaire que l'autre. Plus prioritaire au sens où l'on ne saurait venir à bout du second sans s'être au préalable débarrassé du premier. C'est donc lui qu'il faut prendre en priorité. C'est une priorité temporelle. Une chose après l'autre. Et quand, comme c'est le cas aujourd'hui, ils unissent leurs efforts, dit l'Ecolière? Créent un état-major commun? Tu fais comment? Si tu dois te battre sur deux fronts, tu te bats alors sur deux fronts, dit le Colonel. Mais autant que possible, tu évites de le faire. C'est ce que je veux dire. En l'occurrence, je me tiendrais à l'écart. On préserve ainsi sa santé. Et au-delà, dit l'Ecolière? Au-delà, il faut être attentif au kairos, dit le Colonel. Autrement dit, à l'occasion, quand elle se présente. Etre prêt à la saisir. Mais quand elle se présente seulement. Le kairos, ce serait ce que tu disais l'autre jour*, dit l'Ecolière? Par exemple, dit le Colonel. Mais ce n'est pas limitatif. Les gens autour de moi s'impatientent, dit l'Ecolière. Eux c'est eux, toi c'est toi, dit le Colonel. Laisse-les prendre des risques si cela leur plaît. Toi, tu as mieux à faire.

* Voir "Par son nom", 19 novembre 2018.