9/27/2016

Une bonne chose

Tiens regarde, dit l'Ecolière. Les Suisses ont maintenant leur Patriot Act. Ils viennent d'approuver par référendum un texte de loi légalisant l'espionnage intérieur. Ce que les gens sont bêtes. Tu donnes de l'importance à des choses, en fait, qui n'en ont pas, dit l'Ethnologue. La police politique, en Suisse, n'a bien sûr pas attendu la loi en question pour ficher les gens, les tracer, etc. Elle le fait depuis longtemps. En soi, ce n'est pas nouveau. Simplement, ce qu'elle faisait jusqu'ici, elle le faisait illégalement, alors que désormais ce sera légal. C'est le seul changement. Pour le reste, je dirais, cette loi est plutôt en elle-même une bonne chose. Elle aura peut-être un effet d'éveil. Les gens, bien à tort, croyaient jusqu'ici que l'oligarchie en place respectait certaines limites. Ils ne prenaient donc aucune précaution particulière. Ils vont peut-être commencer à en prendre quelques-unes. Renoncer à leur téléphone portable, par exemple. Seuls, actuellement, 2 % des gens n'en ont pas. Il serait étonnant que ce chiffre, particulièrement bas, ne s'oriente, ces prochaines années, quelque peu, au moins, à la hausse: ce qui, n'en doutons pas, ne manquera pas de combler de joie les dirigeants, résolument hostiles, comme on sait, à tout traçage des individus, en particulier par leur téléphone portable. Peut-être, aussi, la nouvelle loi en conduira-t-elle certains à revoir leur utilisation de l'Internet. Quand tu as quelque chose de particulier à dire à quelqu'un, tu te déplaces toi-même pour voir la personne, ou encore tu utilises un messager. Ce sont des habitudes à prendre.

* Voir "Priorité", 10 avril 2015.