2/05/2016

Inapproprié

Max Weber définissait l'Etat par le "monopole de la violence physique légitime", dit le Visiteur. Or, selon certains, ce monopole serait aujourd'hui remis en cause. On ne pourrait plus dire aujourd'hui que l'Etat dispose du monopole de la violence physique légitime. Voyez les zones de non droit.  D'autres évoquent la guerre civile mondiale. Les frontières elles-mêmes ne sont plus aujourd'hui défendues. Etc.  En concluera-t-on pour autant que l'Etat est sur le déclin? Je ne le pense pas. Quand, par exemple, la police veut aujourd'hui coffrer quelqu'un (je dis bien: le veut), elle n'a pas trop de peine à le faire. On le vérifie au quotidien. D'une manière générale, quand la police veut faire quelque chose, elle le fait. Réciproquement, si elle ne le fait pas, c'est qu'elle ne le veut pas: elle ne veut pas le faire. Le problème n'est donc pas: "est-ce que je peux", mais bien: "est-ce que je veux". En ce sens, la guerre civile mondiale ne suffit pas à dire la réalité. C'en est un aspect important, mais non exclusif. L'autre aspect, complémentaire du précédent, est la mutation en cours de l'Etat, mutation qu'on pourrait résumer en disant que l'Etat n'a plus aujourd'hui pour fonction de protéger les citoyens (elle ne les protège plus de rien), mais de les contrôler. A ce point de vue, parler du déclin de l'Etat apparaît inapproprié. On peut même s'interroger sur le bien-fondé de la thèse selon laquelle l'Etat ne disposerait plus aujourd'hui du monopole de la violence physique légitime. Certains des faits sur lesquels elle s'étaye sont réels, je ne le nie pas. C'est l'interprétation qu'on en donne qui fait problème.