Voyez ce qui se passe, dit le Cuisinier. "La … doit être sacralisée", disait hier l'Invité (1). Il y a belle lurette, en fait, que la ... est sacralisée: une trentaine d'années au moins. Souvenez-vous, par exemple, de la série américaine
Holocauste, dans les années 70. L'Invité n'était pas encore né. Mais tout se paie. Un objet historique, quel qu'il soit, ne devrait jamais être sacralisé, car alors, très vite, il cesse d'être perçu comme tel. Les fumées de l'encens le font disparaître en tant, justement, qu'objet historique. On sacralise certaines choses afin d'empêcher qu'on ne les remette en cause, mais cette sacralisation même conduit à les abstraire de la réalité, donc à nourrir le doute (réel ou feint) à leur sujet. Littéralement, elles s'évaporent. En plus, le sacré ne se sacralise pas. Il est ou il n'est pas. Les révisionnistes ont toujours dit qu'ils finiraient un jour par gagner, dit l'Ethnologue. C'est, peu ou prou, ce qui est en train de se passer. Non certes, comme ils le pensaient, au plan de l'histoire-science (ce qui s'écrit aujourd'hui ne va pas précisément dans leur sens (2)), mais de l'histoire-réalité: celle, tout bonnement, que nous faisons (à défaut, bien évidemment, de savoir que nous la faisons: je parle, entre autres, de l'Invité).
(1) Le 2 février 2014.
(2) Cf. p. ex. Timothy Snyder,
Terres de sang, L'Europe entre Hitler et Staline, Gallimard, 2012.