On pourrait aussi parler d'Argo, dit l'Ethnologue*. Au point de vue qui nous occupe, les premières minutes sont peut-être les plus intéressantes. En gros ce que dit le film est correct. Il est exact, par exemple, que les Américains, au début des années 50, ont organisé un coup d'état pour faire tomber le régime du Dr Mossadegh, un nationaliste d'orientation progressiste qui les gênait. Exact encore que le régime du Shah qui lui a succédé ne s'est pas spécialement signalé par l'intérêt qu'il portait aux droits de l'homme. Les Américains font donc leur mea culpa: "mea culpa, mea maxima culpa". Ils se frappent la poitrine. En même temps, ils nous disent, mais en creux: tout ça, c'est du passé, il y a longtemps que nous avons tourné la page. Nous ne nous sommes peut-être pas très bien conduits autrefois, ça c'est vrai. Nous avons organisé des coups d'état, soutenu des régimes sanguinaires, contribué activement au développement du trafic de drogue à travers le monde, financé des guerres civiles en série, planifié des assassinats politiques, etc. Mais le fait même que nous le reconnaissions aujourd'hui montre que nous avons changé. Entre-temps, nous sommes devenus très vertueux. Evidemment rien n'a changé (sinon en pire). Mais le film est là pour nous faire croire le contraire. Très bon film, d'ailleurs.
* Ben Affleck, Argo (2012).