9/14/2010
Sui juris
Tiens, une nouvelle chasse à l'homme, dit l'Etudiante: plus de mille policiers ont été mobilisés, parmi eux des tireurs d'élite. En règle générale, les gens se laissent faire, dit le Cuisinier. Ils attendent tranquillement qu'on vienne les embarquer, se saisir de leur personne. En l'occurrence, non: le type ne s'est pas laissé faire. C'est suffisamment rare pour qu'on le relève. Etrange. Elargissons le problème, dit l'Ethnologue. La raison d'être de l'Etat, c'est la protection d'un certain nombre de biens qu'on estime fondamentaux : en gros ta vie, ta liberté, ce qu'il te faut pour vivre, etc. Si l'Etat ne remplit plus sa mission dans ce domaine, à plus forte raison encore en vient à constituer lui-même une menace pour l'individu, précisons-le quand même: une menace grave, ce qui, il est vrai, se produit parfois, l'Etat perd alors toute légitimité. Le contrat social est caduc, chacun redevient sui juris, en d'autres termes récupère ses droits originels, ceux qu'il possédait dans l'état de nature. Faut-il le dire, cela inclut le droit à l'autodéfense. Certains dignitaires changent de domicile tous les soirs, dit l'Etudiante. Ils craignent pour leur sécurité. C'est bien ce que je dis, dit l'Ethnologue.