6/19/2007

Même lorsqu'il avait tort

Je l'ai beaucoup critiqué dans le passé, dit le Cuisinier. Pas complètement à tort, je crois. Il s'est pas mal planté, il faut le reconnaître, et en plusieurs occasions. Il a également pas mal affabulé. Mais sur l'essentiel il ne se trompait pas. J'irais même jusqu'à risquer ce paradoxe: même lorsqu'il affabulait, il disait la vérité. Car si ce qu'il disait était matériellement faux, l'histoire qu'il racontait, bien souvent, aurait pu être vraie. Pas toujours, peut-être, mais bien souvent quand même. Bref, même lorsqu'il avait tort, il avait raison. Et ce sont les autres, ceux qui lui reprochaient ses affabulations, qui avaient tort. Moi-même, par exemple. J'avais raison en surface, mais tort en profondeur. Tu parles de qui au juste, dit l'Etudiante? Du Grand Ventilateur, dit le Cuisinier. Il ne se distingue assurément pas par son sens de la nuance. Souvent même, il verse dans le manichéisme. Nombre de ses amitiés et fréquentations pourraient par ailleurs le faire passer pour un ennemi particulièrement féroce de la société ouverte. Mais il a eu le mérite de briser certains tabous. Quand, dans les années 70, il s'en est pris à des pays volontiers étiquetés comme "au-dessus de tout soupçon", tout ce qu'il disait n'était pas faux. Comment également ne pas l'approuver, cette fois-là complètement, quand il dénonce, comme il le fait dans ses livres récents, le rôle des multinationales dans les dysfonctionnements actuels de l'économie-monde? Par parenthèse, il est interviewé dans We Feed the World, ce documentaire sur la faim dans le monde sorti ces dernières semaines en salle*. Va voir ce film, on y apprend plein de choses.

Erwin Wagenhofer, We Feed the World (2005).