1/06/2007

Imagine les conséquences

A mon avis ils s'illusionnent, dit le Sceptique. Ils connaissent mal les nouvelles générations. Il y a vingt-cinq ans encore, peut-être, ç'aurait donné des résultats. Aujourd'hui j'ai des doutes. Si tu veux mon avis, c'est encore trop compliqué pour eux: ça leur passe au-dessus de la tête. Très au-dessus, même. Regarde un peu là-bas, de l'autre côté de la place. Oui, là-bas, tu m'as bien compris. Ces gens-là ou d'autres, n'importe lesquels. S'ils réussissent à déchiffrer le nom de la Cheffe, ce serait déjà bien. Comment faire plus simple encore, dit l'Auditrice? Tu peux toujours, dit le Sceptique. Ce n'est pas en soi un problème. A la limite, tu mobilises des psys, ou encore des spécialistes du fonctionnement du cerveau. Pour ce genre de choses, l'argent ne fait jamais défaut. Au besoin on fera une demande au Fonds national de politologie appliquée. Comment, tu ne connais pas le Fonds national de politologie appliquée? C'est eux, il y a une quinzaine d'années, qui avaient financé une recherche sur l'Epouvantail. Recherche est peut-être un grand mot. Mais, enfin, ça s'appelait comme ça. Un ouvrage en était même sorti, ils s'étaient mis à six pour l'écrire. Six, tu te rends compte. Sans compter le Ministre, qui s'était fendu d'une préface. Je proposerais cette fois qu'on porte l'effectif à vingt-cinq. Beaucoup de jeunes chercheurs, comme tu le sais, sont actuellement au chômage. On pourrait aussi, c'est juste une idée, réintroduire l'apprentissage de la lecture à l'école, dit l'Auditrice. Qu'en penses-tu? Ta suggestion est intéressante, dit le Sceptique. Elle mérite réflexion. Ca m'étonnerait quand même qu'ils la retiennent. Imagine les conséquences.