11/03/2019

Pianotaient

Une fois de plus, tous les trains avaient été supprimés, dit le Perdreau. Tous sauf un, archibondé. Nous étions donc debout les uns sur les autres, un peu comme dans le bus aux heures de pointe. Certains, même, assis par terre. A un moment donné, le train s'est arrêté, on était en rase campagne. Les minutes passent, d'abord 5, puis 10. La clim faisait se qu'elle pouvait, mais l'air se raréfiait. Portes verrouillées, comme il se doit. Pour sortir, il aurait fallu casser les vitres. Au bout de 15 minutes, l'Ecolière a actionné le système d'alarme ("tout abus sera puni"). Immédiatement les écrans intérieurs se sont animés: "obéissez aux ordres", etc. Une trentaine de secondes plus tard, le train redémarrait. C'était peut-être un test, je ne sais pas. Il faudrait que je me renseigne. J'ai un peu regardé autour de moi. Les gens pianotaient sur leur smartphone, l'air absent. Surtout pas d'histoires, n'est-ce pas. Et puis, mêlons-nous de ce qui nous regarde. Certains parleront de servitude volontaire: volontaire me semble ici de trop. Parlons plutôt d'apathie. Les gens sont aujourd'hui prêts à tout accepter, voilà ce que j'ai compris. Ils ont aussi très peur de la police. Mais ça, on le savait déjà. Ils se contentent donc de subir. C'est une petite histoire, mais emblématique. Une métonymie, dirions-nous. Elle se répète à quantité d'autres endroits aujourd'hui, mais en plus grand. L'Ecolière, elle aussi, est emblématique. C'est le grain de sable qui fait s'enrayer la machine. On pense à Assange. Il y aura toujours des gens comme ça. J'ai rédigé une note confidentielle à ce sujet, mais en changeant les noms.