9/28/2019

Post-civilisation

On dit que ce sont des "barbares" (1), dit le Visiteur. Est-ce bien le mot qui convient? Leurs méthodes sont certes d'une rare violence. En témoigne le nombre important de blessés (et de blessés graves) comptabilisés tout au long de ces journées. On n'avait jamais vu ça. Mais la violence est une chose, la barbarie une autre. La violence est ici froide, méthodique. En arrière-plan il y a tout un management. Des technocrates sont à l'oeuvre. On peut bien, si l'on y tient, parler de barbarie, mais ce qu'évoquent ces robocops, c'est moins, je dirais, la barbarie que la post-civilisation. On n'est pas ici dans la régression, mais la transgression. On ne revient pas en-deçà de la civilisation, on va au-delà. En ce sens, les robocops s'inscrivent dans le même horizon mental que la PMA sans père, les hormones pour changer de sexe, le transhumanisme, etc. Ce sont des applications techniques. Pour autant, le problème est complexe. Plaçons-nous un instant sous l'angle fonctionnel. Ce qu'on appelle la "police républicaine" ressemble en fait beaucoup à une garde prétorienne. Je ne dis pas que c'en soit une. Mais elle lui ressemble. Qu'est-ce qu'une garde prétorienne? C'est une troupe armée au service des dirigeants: dirigeants qu'elle a pour mission première de protéger contre leur propre population. Or, dans les grands empires historiques (Empire chinois, perse, romain finissant, etc.), cette troupe se recrutait habituellement parmi les barbares. Encore une fois, comparaison n'est pas raison. Les membres de la "police républicaine" ne sont en aucune façon des mercenaires. Mais ils en assument peu ou prou la fonction. En ce sens, la référence à la barbarie se légitime pleinement.

(1) Jean-Luc Mélenchon, le 25 septembre.