12/23/2015

Pas évidente

Je commentais il y a quelque temps un texte de Bernard Wicht, dit le Colonel*. En voici un autre: "Si nous faisons brièvement le catalogue des catégories de combattants existant de nos jours (partisans, forces spéciales, contractors, terroristes, shadow warriors), nous constatons immédiatement que le citoyen est absent. Il reste donc sans défense dans un monde où la violence a retrouvé son état anarchique". On pourrait aussi dire qu'il est en retard : "C'est le citoyen qui est en retard, c'est lui qui est désarmé"**. Personnellement, je ne dirais pas que le citoyen, aujourd'hui, est  désarmé. Désarmé, à proprement parler, non. Beaucoup de gens possèdent des armes. Souvent, il est vrai, elles sont cachées. Parfois même enterrées. Mais, le cas échéant, elles pourraient très bien réapparaître. Les dirigeants s'en inquiètent, d'ailleurs. C'est un facteur d'imprévisibilité. En revanche, ce qu'on peut dire, c'est que le citoyen a désappris à appuyer sur la détente: ça oui. Un certain nombre d'inhibitions le paralysent, d'ordre civilisationnel notamment. Ces inhibitions leur sont propres, on ne les rencontre que rarement ailleurs. La peur qu'inspirent les dirigeants n'est pas non plus à négliger. Parler de "retard" se justifie donc pleinement, sauf que le retard, en l'occurrence, n'est pas d'ordre matériel mais mental. Comment, dès lors, dés-inhiber le citoyen, lui faire retrouver l'instinct vital, l'instinct de survie? La réponse n'est pas évidente.

* Voir "Climat", 21 novembre 2015.
** "Un retour vers la défense citoyenne? Entretien de Theatrum Belli avec Bernard Wicht", theatrum- belli.org (juin 2015).