Comme vous le savez, l'une de leurs priorités est la réintroduction d'un certain nombre de grands prédateurs dans les campagnes et les montagnes, dit l'Ethnologue. A quelle fin très exactement, nous avons déjà ici même abordé la question*. En attendant, les troupeaux d'élevage se font décimer. Vingt moutons par-ci, vingt moutons par-là, ils appellent ça "la part du loup". Dans son ouvrage, Vivre avec les animaux, Jocelyne Porcher relève que les éleveurs ont un devoir de protection envers leurs animaux, devoir "qui exclut complètement de les abandonner aux prédateurs"**. Protéger leurs animaux implique en particulier leur éviter le stress, la peur. Cela fait partie d'une sorte de quasi contrat tacite: tu me permets de gagner ma vie, en contrepartie je te protège contre les prédateurs. Avec la réintroduction, politiquement imposée, du loup et de l'ours dans les campagnes et les montagnes, tout cela est évidemment caduc. Le WWF ne cache pas sa satisfaction: "Personne ne fait de scandale en Italie si une brebis égarée dans la forêt se fait croquer", souligne ainsi cette "spécialiste des ours"***, particulièrement sensible, on le voit, à la souffrance des animaux. Prendre fait et cause pour le prédateur contre la proie est une des caractéristiques de l'après-démocratie, dit l'Auteur. On l'observe également dans d'autres domaines. Il n'y a plus aujourd'hui de contrat social. Il faut en prendre acte, évidemment aussi en tirer les conséquences.
* Voir "Aucune victime", 17 décembre 2011.
** Jocelyne Porcher, Vivre avec les animaux, La Découverte/Poche, 2014, p. 131.
*** Le Temps (Genève), 17 mai 2014.