Allez voir, si vous ne l'avez pas déjà vu, le récent film de Daniele Vicari, Diaz, crime d'Etat*, dit le Cuisinier. Il décrit ce qui s'est passé à Gênes en 2001, à l'occasion d'une réunion du G8. C'est très spécifique à l'Italie, dit la Poire. Jamais une chose pareille ne se produirait chez nous. Non bien sûr, dit l'Etudiante. Ce n'est pas ce que je voulais dire. On assiste aujourd'hui à une redistribution des tâches entre l'armée et la police, dit le Colonel. Autrefois il revenait à l'armée de faire la guerre (à l'extérieur), et à la police d'assurer le maintien de l'ordre (à l'intérieur). Aujourd'hui c'est l'inverse exactement. Il revient à la police de faire la guerre (à l'intérieur), et à l'armée d'assurer le maintien de l'ordre (à l'extérieur). Le vrai ministère de la Guerre, aujourd'hui, c'est le ministère de l'Intérieur. Militarisation de la police d'un côté, transformation des membres des forces armées en agents de la circulation, pompiers ou travailleurs humanitaires de l'autre: voilà ce qu'on observe. Il faut mettre cette double évolution croisée en rapport avec l'actuel redéploiement stratégique de l'OTAN, redéploiement marqué par un recentrage sur les problèmes dits de "maintien de la paix", avec à la clé une redéfinition de l'ennemi prioritaire. L'ennemi prioritaire, aujourd'hui, ce sont les populations elles-mêmes, leurs propres populations.
* 2012.