11/23/2010

Contradictions

Au fait, que pensez-vous de l'Usurpateur, dit le Visiteur? Il est pris dans ses propres contradictions, dit l'Ethnologue. D'un côté il veut maintenir les frontières, de l'autre il est pour la liberté des marchés. C'est soit l'un, soit l'autre. Soit l'on croit au marché, soit au maintien des frontières. On ne peut pas vouloir les deux. L'Usurpateur est également très faible en matière sociale, écologique, etc. En fait c'est un néolibéral, mais un néolibéral incohérent. Il ne va pas pas jusqu'au bout de ses propres principes. Il critique certaines retombées de l'idéologie dérégulatrice, en aucune manière cette idéologie elle-même. Il n'est donc pas crédible.

11/18/2010

Initiales

Tiens, une lettre de dénonciation, dit l'Ethnologue. Au point de départ, il y a toujours une lettre de dénonciation. Au point de départ de quoi, dit le Visiteur? De tout, dit l'Ethnologue. Tout, ici, ou presque, commence par une lettre de dénonciation. Qui en est l'auteur, dit le Visiteur? Un certain Très-dans-la-ligne, dit l'Ethnologue. Mais il a pris un nom d'emprunt. De simples initiales, d'ailleurs. Par lâcheté, demanda le Visiteur? Non pas du tout, dit l'Ethnologue: simplement par modestie. Il fuit toute publicité. Et qui dénonce-t-il, dit le Visiteur? L'Editeur, dit l'Ethnologue. L'Editeur édite l'Auteur, ce que normalement il ne devrait pas faire. On le lui a souvent dit déjà, mais il le fait quand même. C'est très mal.

11/11/2010

A leur place

Je plaisante, naturellement, dit le Colonel. Il ne faut pas prendre ce que je dis trop au sérieux. Non bien sûr, dit l'Etudiante. Sauf que ce que je viens de dire, je ne suis pas le seul à le penser, dit le Colonel. C'est bien ce que je me disais, dit l'Etudiante. Les dirigeants m'ont même consulté à ce sujet, dit le Colonel. Et que leur as-tu dit, dit l'Etudiante ? Non, certes, qu'il fallait abolir l'armée, dit le Colonel. Je ne leur ai pas dit ça. Si j'étais à leur place, effectivement, c'est ce que je ferais: je l'abolirais. Mais justement je ne suis pas à leur place. Je ne le leur ai donc pas dit. Quoi donc alors, dit l'Etudiante? Qu'ils se faisaient du souci pour rien, dit le Colonel. Qu'ils se surestiment beaucoup eux-mêmes. Accessoirement aussi qu'ils surestiment beaucoup leurs concitoyens. Et ils t'ont cru, dit l'Etudiante? Personne ne me croit jamais, dit le Colonel.

11/03/2010

En profiter

Personnellement je ne vois pas pourquoi je serais contre, dit l'Etudiante: contre l'abolition de l'armée. Je suis au contraire tout à fait pour. Les antimilitaristes veulent l'abolir? Qu'ils l'abolissent. Le plus tôt sera le mieux. A quoi, en effet, sert-elle: à protéger les frontières? Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots. On est à Dope-City: as-tu tellement l'impression que l'armée protège les frontières? Basta, ça suffit. Tu poses mal le problème, dit le Colonel. La question n'est pas de savoir si l'armée protège ou non les frontières: évidemment non, elle ne les protège pas. Pour autant je ne dirais pas qu'elle ait perdu toute utilité. Toute utilité, non. Elle en a au moins une: celle d'apprendre à un certain nombre de gens, hommes ou femmes, à se servir d'une arme. Elle leur offre cette possibilité-là, autant en profiter. Réfléchis-y. En plus, comme tu le sais, c'est gratuit.

11/01/2010

Tout ce qu'ils disent

Ils sont dans la dérision, dit la Poire. Tout ce qu'ils disent, il faut le prendre au second degré. Vous-même, peut-être, le prenez au second degré, dit le Cuisinier: mais eux, non. Quand, par exemple, ils parlent de sections d'assaut, dans leur imaginaire à eux, il s'agit de vraies sections d'assaut: avec de vrais couteaux, de vraies battes de baseball, de vraies kalachnikovs, etc. Ils ne se rendent pas compte, dit la Poire. Ils se rendent au contraire très bien compte, dit le Cuisinier. Et je vais même plus loin encore: ils trouvent tout cela très bien. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls. Ils suscitent l'admiration de leur famille, des gens de leur quartier, etc.