11/11/2010

A leur place

Je plaisante, naturellement, dit le Colonel. Il ne faut pas prendre ce que je dis trop au sérieux. Non bien sûr, dit l'Etudiante. Sauf que ce que je viens de dire, je ne suis pas le seul à le penser, dit le Colonel. C'est bien ce que je me disais, dit l'Etudiante. Les dirigeants m'ont même consulté à ce sujet, dit le Colonel. Et que leur as-tu dit, dit l'Etudiante ? Non, certes, qu'il fallait abolir l'armée, dit le Colonel. Je ne leur ai pas dit ça. Si j'étais à leur place, effectivement, c'est ce que je ferais: je l'abolirais. Mais justement je ne suis pas à leur place. Je ne le leur ai donc pas dit. Quoi donc alors, dit l'Etudiante? Qu'ils se faisaient du souci pour rien, dit le Colonel. Qu'ils se surestiment beaucoup eux-mêmes. Accessoirement aussi qu'ils surestiment beaucoup leurs concitoyens. Et ils t'ont cru, dit l'Etudiante? Personne ne me croit jamais, dit le Colonel.