12/14/2007

Dope City

Apparemment ils ne s'y attendaient pas, dit l'Ethnologue. Moi non plus, je l'avoue. Je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste. Eh bien, non, ça n'a pas passé. Un shootoir, tu vois ce que c'est: un endroit calme et tranquille, où tu peux consommer librement des drogues mortelles, accessoirement illicites, sous l'oeil bienveillant de fonctionnaires assermentés. En soi, ça ne gêne personne, personne n'y prête seulement attention. C'est comme la 4 x 4 du maire environnementaliste, ça se noie dans le paysage urbain. Le regard glisse dessus sans s'y arrêter. Mais pareille affiche! Elle, on ne peut pas ne pas la voir. Dope City, te rends-tu bien compte? Qui plus est, avec la cathédrale en fond de décor. L'indignation, faut-il le dire, est à son comble. C'est tout juste si l'Emetteur n'a pas interrompu ses programmes. Les dirigeants unanimes dénoncent la "violence" de telles méthodes. Oui, tu m'entends bien, leur violence. Ils déplorent aussi ce mauvais coup porté à l'image de la ville. C'est très "salissant", disent-ils. Ce n'est pas le shootoir qui est salissant mais bien l'affiche qui le dénonce. Soit, ce n'est que partie remise. Ils finiront bien par l'avoir, leur shootoir. Mais moins vite qu'ils ne le pensaient. A quel point ça m'attriste, tu ne peux pas savoir. Tu vois, dit l'Auteur, l'histoire est imprévisible.