Ouf, les petits chéris sont de retour, dit l'Epouse. Il n'était que temps. Juste au bon moment. Où donc étaient-ils passés? On se le demande. L'expression de divine surprise se légitime ici pleinement. Bon, il y avait la police. Mais la police elle-même donnait des signes de fatigue. En fait, de net relâchement: appelons les choses par leur nom. Quant à l'armée, chacun le sait, il n'y a plus un seul soldat aujourd'hui en France. Ils sont tous en Opex. Comprenez notre angoisse. Les bagages étaient prêts, nous avions déjà pris nos billets d'avion. Sauf que, grâce aux petits chéris, le régime a pu surmonter cette mauvaise passe. Que ferions-nous sans eux? Notre dette à leur égard ne saurait s'exprimer. Cela étant, il nous faut maintenant penser à l'avenir. La révolte est une chose, l'insurrection une autre. Une révolte, cela s'écrase. C'est ce qu'on vient de faire. L'insurrection, c'est plus délicat. La stratégie de la tension trouve ici ses limites. Il importe donc d'approfondir la réflexion, d'attaquer le mal à la racine. En premier lieu, pour cela, signer le pacte de l'ONU sur les migrations*. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi cela n'a pas déjà été fait. Je l'ai dit à l'Apparatchik, il était d'accord avec moi. Ensuite, le mettre le plus vite possible en application. Comme ça au moins nous serons tranquilles. Nous pourrons enfin faire ce qu'on nous a demandé de faire, et le faire correctement, sans être à tout instant dérangés dans notre travail.
* Eric Ciotti, "Le pacte sur les migrations de l'ONU: vers un droit à l'immigration opposable", Le Figaro, 30 novembre, p. 20.