Regarde, dit l'Ecolière: ça se passe en ... Une femme renverse un animal avec sa voiture, en l'espèce un sanglier. Elle se rend ensuite au poste de police pour signaler l'incident, comme la loi lui en fait l'obligation. C'est une citoyenne obéissante, elle fait donc ce que la loi lui dit de faire. Sauf qu'elle ne s'y rend pas tout de suite. Entre-temps, elle fait un crochet par chez elle. Les fonctionnaires le prennent mal. Vous êtes hors-délai, lui disent-ils: ça vous coûtera 700 euros. Elle refuse de payer. Vous ne voulez pas payer? Ce sera alors trois jours de prison. Ils veulent ensuite la fouiller: nouveau refus. Deux bonnes femmes se jettent alors sur elle pour la déshabiller de force. Puis ils l'encellulent. L'endroit est humide, elle y contracte une infection. Je ne savais pas que ces choses étaient possibles en ... Eh bien maintenant tu sais, dit l'Avocate. Bienvenue dans l'Etat de droit. Tout cela est normal, et en plus légal: article tant, alinéa tant, etc. Comment ça, normal, dit l'Ecolière. Je fais ce que la loi me dit de faire, et voilà comment on me traite. Justement, dit l'Avocate. Tu as peut-être tort de faire ce que la loi te dit de faire. On n'obéit à la loi que quand on ne peut pas faire autrement. Quand on peut faire autrement, ce qui en l'occurrence était le cas, on est très bête de ne pas faire autrement. Elle a déposé plainte, dit l'Ecolière: plainte pour mauvais traitements. Une, encore, qui croit à l'indépendance de la justice, dit l'Avocate. Ce n'est pas 700 euros qu'elle aura à payer, mais 7'000, peut-être même 70'000. Plus les frais.
12/31/2017
12/25/2017
S'en émeuvent
La police politique a fait enlever les crèches de Noël installées en certaines mairies, dit l'Avocate. Certains s'en émeuvent, poussent de hauts cris, etc. A tort, selon moi, car cela reflète la réalité. L'actuelle société française (on pourrait en dire autant de la société allemande, suisse, italienne, etc.) n'est pas seulement post-chrétienne, mais bien anti-chrétienne. Le fait que les symboles chrétiens soient aujourd'hui proscrits de l'espace officiel me semble, dès lors, tout à fait logique et normal. La réalité s'affiche ici pour ce qu'elle est. Je préfère ça au contraire. Au moins sait-on à qui l'on a affaire. Elargissons maintenant le débat. C'est une banalité que de dire que la fête de Noël a perdu aujourd'hui son caractère chrétien. La personne du Christ, en particulier, en est complètement absente. Dans une certaine mesure, heureusement. Car, autrement, que dirait-on? A juste titre, on citerait la phrase de Marx sur la religion, point d'honneur spirituel. Rendons cette justice au régime occidental qu'il ne s'avance pas ici masqué. Il ne joue pas la comédie. Pour une fois au moins, il n'est pas hypocrite. La phrase de Marx s'applique, en revanche, très bien aux églises établies, celles qui ressortent le petit Jésus au moment des fêtes, mais pour le reste, sur un certain nombre de sujets dits sensibles, tiennent le même discours exactement que l'Etat anti-chrétien, Etat qu'elles servent avec un zèle qui fait plaisir à voir (ce qui en soi n'est pas une nouveauté).
12/15/2017
Brassage
Autrefois c'était plus simple, dit l'Avocate. Les enfants étaient scolarisés à l'école du village, respectivement du quartier. Ils n'avaient que quelques pas à faire depuis chez eux pour rejoindre l'école. Leur empreinte carbone était indétectable. L'école du village ou du quartier a aujourd'hui disparu, le ramassage scolaire a pris le relais. Les enfants se lèvent avant l'aube pour prendre le car scolaire: car qui les mènera au chef-lieu du canton ou du département. Entre une demi-heure et une heure de trajet sur des routes souvent sinueuses et chaotiques. Le soir, même trajet, mais en sens inverse. Merci pour l'environnement. Les enfants intériorisent ainsi leur future condition d'androïde pendulaire, délocalisable à merci, dit l'Ethnologue. C'est bon pour l'économie. Il ne faut pas vivre dans l'entre-soi, dit la Poire. C'est très dangereux, l'entre-soi. Il faut que les gens bougent. Plus ils bougent, mieux c'est. On favorise ainsi l'ouverture, le brassage social. Parfois aussi il y a des accidents, dit l'Avocate. Hier par exemple: six morts à un passage à niveau, plus une dizaine de blessés graves. Le risque zéro n'existe pas, dit la Poire*.
* France Info, 14 décembre 2017, en soirée.
* France Info, 14 décembre 2017, en soirée.
12/10/2017
Changements de société
Regarde, dit l'Auditrice: ça se passe à ... La directrice des écoles inaugure un "dispositif d'alerte et d'écoute" pour accueillir les victimes et les témoins de "comportements inappropriés". Elle motive sa démarche en disant qu'elle est soucieuse de prendre en compte les actuels "changements de société"*. Elle dit probablement la vérité, dit l'Etudiante. C'est très certainement ça, sa motivation. Elle ne se demande pas si ce qu'elle fait est bien ou mal. Elle le fait parce qu'elle ne voudrait pas qu'on vienne un jour lui reprocher de retarder sur les actuels "changements de société". Quand on est une femme politique (un homme aussi, d'ailleurs), ça ne pardonne pas. Le critère du bien et du mal, ce sont les "changements de société". Tu connais la phrase de Zinoviev, dit l'Auditrice: "Le mal des organes de répression n'est que la quintessence du bien répandu par les citoyens eux-mêmes"**. Les citoyens répandent le bien, certes, dit l'Etudiante. Mais il faut parfois les y pousser un peu. Juste un peu. Le mal, ce sont les comportements inappropriés, dit la Poire. Je ne vois pas ce qu'il y aurait de mal à dénoncer les comportements inappropriés. Rassurez-vous, dit l'Auditrice. La plupart des gens pensent comme vous.
* RTS, 9 décembre 2017, vers 18 heures.
** Le Communisme comme réalité, Julliard/L'Age d'Homme, 1981, p. 270.
* RTS, 9 décembre 2017, vers 18 heures.
** Le Communisme comme réalité, Julliard/L'Age d'Homme, 1981, p. 270.