4/28/2024

A l'hôpital

Autre exemple, dit le Double. Je ne sais pas si tu as vu le documentaire de Daniel Künzli, Totalitarisme helvétique (2023). Non? C'est normal, il n'est pas distribué dans les salles. Pourquoi ne l'est-il pas? Sans doute à cause du sujet: les violences policières en Suisse pendant la période du Covid. On veut bien prendre des risques, mais jusqu'à un certain point seulement. Les projections ne sont donc que ponctuelles: tel soir à tel endroit, parfois aussi dans des structures alternatives. Mais ce n'est pas plus mal. Le film donne donc la parole aux victimes, elles décrivent ce qu'elles ont vécu: coups et blessures volontaires, passages à tabac en règle, gaz toxiques, etc. Parfois cela s'est terminé à l'hôpital. Des gens ont déposé plainte: ces plaintes ont soit été classées sans suite, autrement dit la justice ne s'est même pas donné la peine de les instruire, soit rejetées. On voit effectivement mal, dans ces conditions, comment le film en question aurait pu être distribué dans les salles. Les autorités n'aiment déjà pas tellement qu'on critique la police. Mais le film va beaucoup plus loin encore, puisque non content de critiquer la police il critique la justice. En vérité, ce qu'il fait apparaître, c'est que les juges sont soumis au même régime exactement que les policiers: ils font ce qu'on leur dit de faire. On l'a évidemment toujours su, mais le mythe de la justice indépendante en prend quand même un coup. D'où le titre du film: Totalitarisme helvétique. L'absence de toute protection contre l'arbitraire des autorités entre en effet dans la définition du totalitarisme.

4/20/2024

Se tiennent tranquilles

Regarde, dit l'Ecolière. Cela se passe en ... D'un côté, chose à peine croyable, ils condamnent à de la prison ferme un écrivain accusé d'"homophobie", de l'autre ils licencient un enseignant en raison de son "orientation sexuelle". C'était un excellent enseignant, il faisait très bien son travail: sauf que les ... locaux l'avaient dans leur collimateur. Les autorités l'ont donc remercié. Je vois peut-être trouble, mais il me semble qu'ils s'emmêlent un peu les pinceaux. La raison du plus fort est toujours la meilleure, dit le Double. Non, je plaisante. Il faut bien voir ici ce qui est important. L'important, ce n'est pas que tu sois ceci ou cela. Tu peux être ce que tu veux, ils n'en ont rien à faire. Mais ils aiment faire des exemples. Prends cet écrivain. Ce qui est important, ce n'est pas qu'il soit homophobe, mais qu'il en prenne pour un moment. Les gens voient ça, ensuite ils la bouclent et se tiennent tranquilles. Tout cela s'inscrit dans un contexte général de dictature de plus en plus décomplexée: violences policières, justice sur commande, censure, espionnage intérieur, implication croissante de l'Etat dans des activités criminelles, etc. Tout le monde sait qu'il n'y a plus aujourd'hui d'Etat de droit.