8/30/2019

Des êtres moraux

Ils disent, la maison brûle, dit l'Avocate. Effectivement, la maison brûle. C'est l'exacte vérité. Ils sont d'ailleurs bien placés pour le savoir: les principaux incendiaires, c'est qui? Sauf qu'il n'en ont rien à faire. Ce n'est pas l'incendie lui-même qui les intéresse (après nous le déluge), mais bien l'occasion qu'il leur donne de faire des choses qu'il leur serait sensiblement plus difficile de faire autrement: accroître un peu plus encore la pression fiscale, par exemple. Et pas qu'un peu. Renforcer le contrôle social, etc. Une occasion en or, reconnaissons-le. Un don du ciel. Comme le diraient certains (et s'ils ne le disent pas, assurément ils le pensent), si la crise climatique n'existait pas, il faudrait l'inventer. Encore une fois, elle existe, elle n'a pas été inventée. Elle est sans doute même plus grave encore qu'on ne le dit. Mais si elle n'existait pas, etc. Autant dire qu'il n'entre en aucune manière dans leurs intentions de la combattre. L'idée leur en a-t-elle seulement une fois traversé l'esprit? Ils font simplement semblant. Semblant comment? On vient de le dire, vous n'écoutez pas. Ils font ainsi d'une pierre deux coups. D'une part, ils comblent leurs déficits, s'affermissent eux-mêmes en tant qu'hyperclasse, suprasociété, power elite, etc., de l'autre ils apparaissent comme des êtres moraux, oeuvrant pour le bien commun. Ce qui, comme chacun sait, correspond bien à la réalité.








8/16/2019

CHU

Au CHU de ..., la première chose qu'on te demande quand tu débarques en tant que patient, c'est si tu n'a rien contre le fait d'être pris en charge par une femme, dit le Double. Contre, pour des raisons "religieuses" s'entend. Les guillemets sont de moi. On en est là aujourd'hui. L'... est ici religion d'Etat, dit l'Avocate. Je simplifie, mais en gros c'est ça. Après, rien ne t'oblige à dire que tu ne veux pas être pris en charge par une femme. Tu es libre de le dire ou non. Au passage, cela te montre que l'... n'est pas du tout ce qu'on croit qu'il est: cruel, sanguinaire, sectaire, fanatique, misogyne, bref, une singularité tératologiqueDe telles incriminations sont très injustes. C'est une religion comme les autres. Et leurs rengaines sur l'égalité de genre, dit le Double: je parle ici des dirigeants. Comment les interpréter ? Elles font diversion, dit l'Avocate. Te dispensent d'avoir à regarder la réalité en face. On peut aussi parler d'alibi. Quand on leur dit: voyez, il y a retour à l'état tribal, ils peuvent toujours rétorquer: vous oubliez les lois anti-harcèlement.




8/13/2019

Long terme

On critique les clichés de genre, dit l'Auditrice: autrement dit les façons de penser toutes faites sur les hommes ou les femmes. Ce sont des "constructions sociales", dit-on, il importe donc de les déconstruire. Sauf que, comme c'était à prévoir, on reconstruit d'une main ce qu'on déconstruit de l'autre. Soit cette apparatchik, "déléguée à l'égalité" (sic) dans le canton de ... Elle passait ce matin même à la radio d'Etat. Les hommes, lâche-t-elle, sont davantage soucieux de leur ego que les femmes. On ne va ici épiloguer sur l'ego des femmes, chacun fait ses expériences. Je n'ai pas personnellement le sentiment que les femmes soient tellement moins préoccupées de leur ego que les hommes. La dame oppose encore le court au long terme. Les hommes sont sur le court terme (ils travaillent à acquérir du "galon"), les femmes sur le long terme (elles ont une "mission"). On ne se permettrait évidemment pas de parler ici de misandrie. Quelques heures à peine plus tard, rebelote. Leur invitée est cette fois une adepte de la navigation à voile. Elle se propose, avec des coéquipières, de traverser prochainement l'Atlantique. Des coéquipières, car c'est réservé aux femmes. On lui en demande la raison. La raison? Les hommes visent à la "performance", les femmes à la "communication". Je ne dirais pas que c'est comme ça toute la journée, mais assez souvent quand même (1).

(1) Radio suisse, 13 août, 7h 45 et 12 h 45.


8/03/2019

Seuil

Là, réellement, ils ont franchi un seuil, dit l'Ecolière. Les gens sont sous le choc. Tu as vu ces manifestations? Un mort, effectivement, c'est plus que zéro mort, dit le Colonel. Je te le concède. Mais pas beaucoup plus non plus. Tu dis que les gens sont sous le choc. Je te crois volontiers. Mais si je te dis qu'ils vont très vite récupérer, de ton côté aussi il faut m'écouter. La ... n'est ni le Chili, ni l'Argentine. Ils y vont donc progressivement. Les évolutions sont lisses. On tient compte des traditions locales, de l'héritage culturel, etc. Tu vois ça aussi dans d'autres domaines: l'..., le ..., etc. Dans quelques mois, ils passeront à la vitesse supérieure. A nouveau, les gens seront sous le choc. Mais récupéreront aussi très vite. Etc. Cela étant, il ne faut pas croire qu'ils ne tiennent pas compte des réactions. Si, si, ils en tiennent compte. Mais dans les deux sens. Exemple, les arrestations préventives d'opposants. Comme tu le sais, il y en a eu un certain nombre l'hiver dernier: sur ordre écrit du procureur de ..., en prime: ce digne et valeureux défenseur de l'Etat de droit, soit dit en passant. On aurait dès lors pu s'attendre à quelques réactions: aucune réaction. Ils ont donc remis ça: en s'en vantant, cette fois. Des gens ont alors dit: stop, ça suffit. On en a marre. Deux ou trois personnes. On va voir maintenant la suite. Qu'est-ce qui pourrait les arrêter, dit l'Ecolière? A ton avis, dit le Colonel?